Isobel Campbell + Mark Lanegan - La Cigale (Paris)

le 6/06/2008

Isobel Campbell + Mark Lanegan - La Cigale (Paris)

Il est difficile d’oublier le premier passage du couple Isobel Campbell et Mark Lanegan au Trabendo, il y a un peu plus d’un an. J’en garde encore un très bon souvenir et c’est donc avec une certaine impatience que j’attends de le revoir sur la scène de la Cigale.

La salle n’est pas encore remplie quand Pete Greenwood investit la scène. Il est seul avec une guitare électro-acoustique en tant que première partie de la soirée. Quelques chansons folk mélancoliques tirées d’un autre temps et une belle dextérité font passer un agréable moment en sa compagnie. On le devine, cet homme est avant tout un guitariste. Ses compositions s’avèrent charmantes mais il faut tout de même voir ce que cela peut rendre sur album.

Entre temps, la salle a pu se remplir. Ainsi, c’est sous les acclamations que le couple tout de noir vêtu se présente sur les planches de la Cigale. Isobel Campbell et Mark Lanegan se tiennent debout l’un à côté de l’autre, chacun devant son micro. Au premier abord, tout semble les opposer. Elle, la petite Ecossaise blonde et rayonnante. Lui, l’Américain, grand brun ténébreux. Ces deux-là, on les connaît depuis déjà quelques années. La demoiselle a commencé avec la pop mélancolique de Belle & Sebastian tandis que son compère a débuté avec le rock rugueux des Screaming Trees. Qui aurait pu dire qu’un jour, ils formeraient un si joli couple ? Une voix fluette et timide face à une voix profonde et caverneuse. En fait, il n’y a pas de face à face car ces deux voix se complètent à merveille. Vocalement, Isobel Campbell sait se faire petite et s’effacer devant Mark Lanegan toujours aussi impressionnant. Mais on sent également que c’est elle qui dirige cette belle histoire. Elle n’hésite d’ailleurs pas à le faire savoir quand quelque chose ne va pas ce soir-là. Lui est toujours aussi décontracté et imperturbable, se laissant aller dans cette charmante aventure commencée il y a deux ans, sans l’impression de se prendre la tête. Il y a très peu de regards entre les deux. Cela peut surprendre au départ mais la magie n’a pas besoin de cela pour opérer. Ils se comprennent et n’ont pas besoin de se lancer dans de longues tirades. C’est dans leur nature, ils préfèrent rester silencieux, leurs chansons parlant simplement pour eux.

En ouverture, la lente et apaisée Seafaring Song leur permet de rentrer en douceur et s’échauffer pour la suite, à savoir Deus Ibi Est qui lance véritablement le concert et qui montre la véritable complémentarité des deux. Etrangement en ce début de soirée, Isobel Campbell semble toutefois soucieuse et impressionnée (la salle étant bien plus grande que la dernière fois), le regard perdu dans le vide, évitant celui des spectateurs. Il faut dire que la belle attire une bonne partie des regards. Elle a osé une robe courte, avec des bottes montantes. Elle n’a pas froid aux yeux quand elle s’asseoit et installe son violoncelle entre les jambes. Il faut bien l’avouer, il fallait oser. C’est peut-être pour cela qu’elle préfère garder une certaine distance, restant concentrée et attentive au moindre détail. Heureusement, elle se détendra tout de même au fur et à mesure du concert, souriant des quelques petites imperfections de la soirée. De son côté et à son habitude, Mark Lanegan reste accroché à son micro remuant la tête au rythme des mélodies qu’il semble apprécier. Il est bien plus détendu que la fois précédente. Au plaisir de nombre de spectateurs, il aura le droit d’interpréter quelques titres de son répertoire comme Carry Home ou Little Sadie, superbes reprises issue de l’album I’ll take care of you dont l’éloge a été faite sur cette page du Mag. Au contraire, la demoiselle laissera de côté ses aventures personnelles s’autorisant à chanter seule l’admirable Saturday’s gone. Les musiciens étant cette fois bien plus en retrait, même si l’on peut saluer le guitariste qui les accompagne et qui se révèle très précieux dans ses arpèges entraînants et ses coups d’éclairs électriques, c’est Isobel Campbell qui se démène aux quatre coins de la scène. On la voit prendre son violoncelle, jouer quelques accords de guitare sèche ou quelques notes de clavier, s’amuser avec diverses percussions, siffler les mélodies et même faire quelques pas de danse qui ne peuvent laisser indifférent. On sent que cette collaboration et ce projet lui tiennent vraiment à cœur.

Le programme de la soirée a été simple et riche : une grande partie du premier opus The Ballad of the Broken Seas , avec ses nombreux classiques tels Ramblin’ Man toujours aussi torride et Honey Child what can I do toujours aussi mélodique, agrémentée de nouveaux titres du récent et déjà remarquable Sunday at Devil Dirt . On pourra retenir de ce dernier, Black Burner hantée à souhait et Keep in my Mind Sweetheart vraiment émouvante. Une heure et vingt minutes plus tard, les spectateurs ravis peuvent applaudir sur l’électrique et tonitruante Wedding Dress en guise de dernier morceau joué comme la fois précédente d’ailleurs. Un morceau génial de Mark Lanegan qui laisse toujours sur sa faim et laisse des regrets sur une prestation si vite terminée et évidemment de nouveau riche en bons souvenirs.


( darko )

 


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