Sébastien Schuller : interview printanière

Le nouvel album de Sébastien Schuller arrive. Et avant même de crier au monde entier que Evenfall est merveilleux, avant même sa tournée française qu’il ne faudra surtout pas rater, on vous a ramené une interview pour vous faire patienter. A bon entendeur, on vous aura prévenu.

indierockmag : Bonjour Sébastien. On se languissait de ton retour dans les bacs. Les cinéastes t’ont laissé quartier libre ?
Sébastien Schuller : J’ai composé des musiques de films qui m’ont pris un peu de temps puis commencé à composer l’album il y a deux ans suivi de l’enregistrement et de la production l’année dernière.

IRM : Il a fallu attendre 4 ans pour le successeur d’ Happiness. Y a-t-il eu des moments difficiles à l’idée de faire ce disque ?
Sébastien : Comme pour Happiness la réalisation fut assez longue. Comment restituer ce qui fonctionnait déjà à l’étape des démos. En dehors de ça on se retrouve souvent face au même sentiment de ne pas savoir si l’on va réussir à se surprendre de nouveau, à composer de nouveaux morceaux.

IRM : Qu’est ce qui t’a poussé à l’écriture pour ce second album ? Quel charme, quel sentiment voulais-tu lui insuffler ?
Sébastien : J’étais partagé entre l’envie de rajouter des rythmes et de travailler avec des instruments plus organiques comme le piano ou des cuivres. L’idée profonde était d’essayer des titres qui fassent danser. Finalement je suis vite revenu vers des titres plus pop mais je crois qu’ils sont traversés d’une certaine urgence liée à notre époque. Les choses s’accélèrent à tous les niveaux. Je me demande parfois de quelle manière je pourrais voir le monde si j’avais 18 ans aujourd’hui, quelles seraient mes espérances.

IRM : Evenfall apparaît comme un disque plein d’espoir et de vie, qu’on aime écouter le matin pour se donner du courage et affronter la journée. Happiness est plus un album de bilan, une rétrospective introspective qu’on écoute le soir, avant de se coucher. Comment, toi, compares-tu tes 2 albums ?
Sébastien : J’avais sur quelques titres une vision printanière de la musique liée au soleil, à la lumière et à l’ouverture alors qu’ Happiness faisait plus référence à l’automne. Au final je vois le déroulement de cet album comme une journée avec ses différents moment de lumières. De la brume matinale , jusqu’à l’éclat du soleil de midi. La deuxième partie de l’album se référant à des pensées crépusculaires à travers des morceaux comme Battle, High Green Grass.

IRM : Avec des titres comme Open Organ ou The Border, on ressent dans ta musique des rêves d’orchestre, de violons, de cuivres en pagaille, ce qui n’est pas sans nous rappeler un certain Neil Hannon (The Divine Comedy). Tu es plus à l’aise dans une chambre ou auprès d’un grand orchestre ?
Sébastien : Un orchestre de chambre me convient très bien :) L’avantage avec les ordinateurs c’est de pouvoir justement arranger des parties pour des instruments que tu n’as jamais pratiqué. L’étape de la retranscription n’est pas toujours facile et il faut parfois mélanger les deux sources pour arriver au son désiré.

IRM : Sur ce dernier album, Awakening m’a fait - d’un coup d’un seul - penser au Holes qui ouvre le Deserter’s Songs de Mercury Rev. C’est un groupe que tu apprécies ?

Sébastien Schuller par Agnes Montgomery

Sébastien : Oui beaucoup en tout cas j’ai aimé cet album aussi. Quand j’ai trouvé ma mélodie de voix pour le couplet d’Awakening après avoir trouvé tout le reste du morceau je me suis surpris à y trouver des références. J’avais aussi The Flaming Lips en tête pour leur psychédélisme. J’ai toujours pensé qu’on a des morceaux qui nous accompagnent pendant longtemps jusqu’au moment où ils vont ressurgir dans ta musique sans que tu t’en aperçoives réellement. L’intro de ce morceau fut influencée par une ballade dans un parc à Philadelphie d’où je pouvais entendre des sortes de carillons, de cloches psychédéliques au loin en me demandant d’où ça venait. Je me suis aperçu qu’une église voisine ne sonnait pas les cloches comme on peut le faire en France mais jouait cette drôle de musique flottant dans les airs. Je suis directement rentré chez moi pour essayer de reproduire l’ambiance entendue.

IRM : Y a-t-il un artiste en particulier pour qui tu aimerais ou aurais aimé écrire des chansons ?
Sébastien : je pense que j’adorerais écrire un morceau pour Karin Dreijer Andersson de The Knife.

IRM : Et si tu devais reprendre une chanson d’un autre artiste qui te caractérise le mieux, quelle serait-elle ?
Sébastien : Banshee Beat d’Animal Collective, j’aurais adoré écrire ce morceau. Avey Tare est brillant.

IRM : Tu présentes un remix de Nude (Radiohead) sur ton Myspace. Est-ce un petit jeu à l’occasion ou un exercice que tu aimerais faire plus souvent ? Est-ce difficile de s’approprier les chanson d’une autre personne ?
Sébastien : C’était vraiment histoire de participer. J’ai fait ce remix en une soirée car j’étais en pleine période d’enregistrement. Du coup j’ai tout enregistré en une seule fois, piano, choeurs etc ... J’ai trouvé ça amusant et en même temps pas si évident surtout que l’original est fantastique.

IRM : On a cru comprendre que tu fréquentais les Animal Collective outre-Atlantique. Tu peux nous en dire plus sur vos rapports ?
Sébastien : On a fait des dates ensemble sur Paris. Je vais à tous leurs concerts dès que je peux me le permettre. Ce sont des musiciens et des êtres humains fantastiques, une grande source d’inspiration.

Sébastien Schuller par Stephane C
IRM : Les Etats-Unis, peut-être même le Canada, tu y as passé beaucoup de temps ? Tu peux nous donner quelques coups de coeur, des villes qui t’ont inspiré, des artistes qui t’ont ému ?
Sébastien : Le Canada je n’y suis jamais allé, par contre je vis à Philadelphie donc c’est forcément la ville qui m’a le plus inspiré avec Paris et peut-être New-York. On y rencontre les mêmes artistes qu’à Paris sauf qu’ici ils font des concerts chez eux. J’ai l’impression que la relation au public est différente ici. En tout cas il y a un vrai souci de l’entertainment.

IRM : Après les superbes illustrations de Kristina Funkenson sur ton précédent album, c’est Agnes Montgomery qui est en charge de l’imagerie autour de Evenfall. Comment s’est passée cette collaboration ?
Sébastien : Nous vivons ensemble avec Agnes donc ce fut une collaboration de longue durée, de longues réflexions autour de la musique et de l’artwork. Je pense que l’on s’aide mutuellement. Agnes a besoin de s’immerger dans la musique totalement et je crois bien qu’elle a dû écouter Evenfall autant que moi. J’étais curieux de découvrir comment elle allait réussir à traduire ces musiques. L’idée était de créer quelque chose de différent de de ce qu’elle avait pu faire pour Panda Bear qui avait marqué les esprits. Je pense qu’elle a totalement réussi à personnaliser Evenfall.

IRM : Finalement puisqu’en plus de la sortie de ton album, ton retour à la scène est programmé, tu peux nous allécher sur la configuration scénique prévue ? Un ami m’avait rapporté lors de ta tournée Happiness un concert qu’il avait trouvé d’une surprenante intensité. Qu’est ce que tu nous prépares ?
Sébastien : Nous serons 5 musiciens peut être plus sur certaines dates, notamment pour La Cigale [ndlr : le 18 juin] où l’idée serait de pouvoir jouer les morceaux avec tous les arrangements : cuivres, vents, cordes. L’idée sera sûrement de réadapter certains anciens morceaux. Je suis accompagné de très bons musiciens sur scène et on a tous une tendance à ne pas trop vouloir se répéter.

Merci à Sébastien Schuller et Lara de Ivox.
Site Officiel : www.sebastienschuller.com


Interviews - 30.04.2009 par darko, indie, JohnSteed


Le streaming du jour #1169 : Sébastien Schuller - 'Heat Wave'

Sébastien Schuller n’est pas un homme pressé. Alors qu’il avait laissé quatre ans s’écouler entre Happiness et le parfait Evenfall, il lui en a fallu cinq pour accoucher de Heat Wave, disque sorti la semaine dernière. L’attente en valait-elle la peine ?