Des mélodies vocales lorgnant dangereusement sur Panda Bear, des rythmiques syncopées et autres manipulations en post-production s’aventurant avec plus ou moins de bonheur sur le terrain de J Dilla, une étiquette chillwave lui collant d’un peu trop près à la chemise - vous savez cette espèce de psyché-synth-pop analogique à la fois rêveuse, dansante et nostalgique que la presse branchée essayait de faire passer pour le son neuf de ces deux dernières années faute d’avoir la mémoire assez longue pour se souvenir des premiers albums de Caribou ? - il faut bien avouer que l’on n’avait prêté qu’une oreille rapide et distraite à Causers Of This, premier opus de Toro Y Moi aussi vite oublié que porté aux nues l’an dernier.
Un album qui bien qu’inégal et parfois maladroit conserve pourtant toute sa fraîcheur après que la hype se soit éteinte et dont on redécouvre avec le recul la singularité ensorceleuse alors même que son successeur pointe déjà le bout de son nez. Underneath The Pine, à paraître le 22 février via Carpark, s’écoute déjà ici dans son intégralité et ne laisse plus aucun doute sur le talent du jeune Chazwick Bundick, qui se pose désormais en cousin acid jazz de Jim Noir ou Stereolab, entre mélancolie sunshine pop d’une rare évidence mélodique, jams rétro-futuristes délicieusement alambiqués et basses funky aux rondeurs chaleureuses.
Pas étonnant que le sud-carolinien ait d’emblée rejeté le pseudo-mouvement auquel on essayait de le rattacher, car si l’on a déjà oublié les Memory Tapes et autres Neon Indian, aucun risque que soient occultés de sitôt des singles tels que Still Sound ou New Beat, premiers extraits aux effets moins tape-à-l’oeil s’attardant sur la facette la plus groove d’un l’album qui affiche cette fois une belle maturité aussi bien sur le plan de l’écriture que de la production :