Du label sud-carolinien Hearts & Plugs, on avait déjà eu l’occasion d’entendre en début d’année le second album des Run Dan Run, héritiers locaux de Nada Surf brillant tout autant par la beauté brute d’un songwriting doux-amer que par la densité de leurs arrangements et dont on retrouve aujourd’hui le frontman Dan McCurry (gardien par ailleurs de l’écurie en question) au générique de deux sorties signées The Lovely Few, odes aux pluies de météorites qui embrasent nos nuits troublées.

Emmené par Mike Mewborne aux intonations parfois proches d’un Ben Gibbard, ce projet à géométrie variable n’a rien pour autant d’une étoile filante, flottant plutôt en apesanteur aux confins des galaxies Electric President et Postal Service sur l’EP The Orionids en libre téléchargement via Bandcamp, tandis que l’album, sorti une semaine plus tôt, cultive une inspiration plus proche de la folktronica entre deux introspections spatiales et futuristes.

Que leur romance stellaire et malmenée soit enveloppée de douces nappes de synthés ou confrontée aux chocs des beats et aux jets des saturations, qu’elle doive faire face au poids de la solitude, au froid de l’espace ou à la pénombre du cosmos, elle ne se départit jamais de cette foi qui donne corps à nos ambitions les plus folles, celle en l’occurrence d’arpenter en combinaison pressurisée le vide qui réside entre ce qui fut et ce qui aurait pu être :

Quant aux deux autres membres de Run Dan Run, Ash Hopkins et Nick Jenkins, on les retrouve depuis mars avec leurs projets solo respectifs sur le premier sampler du label, également à la portée d’un simple clic. Autant de chansons, intensément réconfortantes et délicatement orchestrées pour le premier ou plus lo-fi et habitées pour le second, qui promettent de bien belles heures à cette toute jeune structure DIY, laquelle nous gratifie justement en fin de compil’ d’un inédit de The Lovely Few au lyrisme orchestral digne de Sufjan Stevens.