Wilhelm / Romart - Melody For A Broken Heart

Depuis le début de l’année, nous voilà constamment en train de courir après l’actu d’I Had An Accident Records. Un rapide survol en février à l’occasion de la sortie d’un EP habité du rappeur doom Dopo Dormi et depuis les perles n’ont cessé de s’aligner, bien souvent sold out dès la précommande car les connaisseurs sont aux aguets des chemins de traverse proposés par le label d’Annapolis et de ses tirages limités.

1. Wilhelm - Heart For a Broken Melody
2. Wilhelm - I Felt Our Love Would Implode
3. Wilhelm - With The Dawn Came No Solace
4. Romart - Melody For A Broken Heart (Part 1)
5. Romart - Melody For A Broken Heart (Part 2)

date de sortie : 15-05-2012 Label : I Had An Accident Records

On ne reviendra pas ici sur ƸC†OPL∆SM et son fascinant 416, le beatmaker canadien ayant justement fait l’objet de notre streaming d’hier, mais citons notamment parmi les albums dont quelques exemplaires sont encore disponibles du côté du distributeur nord-carolinien Tomentosa le shoegaze ultra-minimaliste à la fois planant et abrasif d’Orange Blossom Flyover mâtiné de bruit statique et de rythmiques en boîte parfois à la limite du hip-hop, le drone cosmique du Californien Andrew Felix avec deux imposantes pièces transcendantales faisant suite à son Intermediate State de l’an dernier, l’ambient hypnagogique de Clearing sur le plus éthéré Stride, et (surtout) l’étrange voyage narcotique proposé par Big Epoch sur un Double Reserve à la croisée du drone, de la noise et de l’abstract hip-hop.

Mais cette dernière sortie mise à part, et en passant plus rapidement sur l’abstract synthétique pour thrillers gothiques de Blvck Ceiling dont les copies de l’EP S H V D O W étaient parties comme des petits pains le mois dernier, c’est bel et bien ce faux split entre Wilhelm et Romart, pas encore écoulé celui-là, qui nous aura le plus impressionné ces derniers mois du côté de l’écurie de Justin Bieler et Julia LaDense (également associés au sein du trio Heart Heart Julia autour duquel on digressait pas plus tard que le week-end dernier). Faux split disions-nous, car ces cinq instrumentaux sont en réalité l’oeuvre d’un seul et même soundscaper, l’Irlandais Ian McCarthy aux manettes de ces deux projets complémentaires.

Côté Wilhelm, le bonhomme nous immerge ainsi dans une suite aussi mouvante qu’hypnotique dont les lointaines résonances de tambours chamaniques enfouies sous un flot de bourdonnements vaporeux laissent place sur With The Dawn Came No Solace aux distorsions dépouillées d’une guitare crépusculaire confrontée à des boucles de hurlements paniqués (à moins qu’il ne s’agisse que d’interférences étouffées ?) avant de s’évanouir au profit des mêmes arpèges répétitifs tirés cette fois d’un piano préparé. Assez envoûtant, surtout lorsque le spleen d’une trompette sortie d’on ne sait trop où (à moins que la vraie question ne soit "quand ?") offre au final d’I Felt Our Love Would Implode une rémanence nostalgique du plus bel effet.


Mais à dire vrai, c’est surtout en tant que Romart que le musicien impressionne, déroulant une ambient tribale aux samples marécageux le temps d’une pièce en deux parties qui débute sur de lancinantes incantations précolombiennes (cf. l’extrait ci-dessus) avant de gagner en intensité sur un beat à trois temps au rythme étourdissant. En un mot comme en cent, s’il l’on ne connaissait pas le moins du monde l’univers de Ian McCarthy avant de se plonger dans cet album moins janiforme qu’il n’y paraît de prime abord (des percussions martiales assurant joliment la transition en fin de troisième piste), on suivra désormais de très près ses déambulations musicales ou photographiques en solitaire, sur Soundcloud comme ailleurs.

Chroniques - 23.05.2012 par RabbitInYourHeadlights