Le streaming du jour #445 : Folks - ’French Songs EP’

Plus que jamais disponible via Microcultures et désormais en écoute sur toutes les bonnes plateformes, ce premier EP en français de Folks méritait bien un petit retour au sommet de nos colonnes. Pas seulement parce qu’on s’y était pris un peu trop tôt la dernière fois pour véritablement vous faire partager notre avis sur le disque dans son entier (bon OK, entre-temps on en avait reparlé... mais trop vite), ni même parce l’on suit François Gauer et son projet, passé du quatuor indie-rock d’inspiration anglo-saxonne à la pop acoustique solo dans la langue de Dominique A, depuis ses tout débuts relatés à l’époque dans notre Fresh & French Tour. Non, rien de tout ça, mais simplement parce que ces six titres sont la meilleure chose qui soit arrivée à la chanson en français depuis le Rio Baril de Florent Marchet.
D’ailleurs, bien que le Parisien ne nourrisse pas tout à fait les mêmes ambitions en terme de format, de narration ou d’orchestrations, la comparaison ne s’arrête pas là. Dès l’ouverture en clair-obscur sur Comme un requin, songwriting et arrangements étourdissants et majestueux à la fois se mettent au service d’une introspection douce-amère légèrement sombre aux entournures, et la redoutable ferveur de Ta mèche ne saurait éclipser une écriture désenchantée voire carrément acerbe, le banjo nonchalant des couplets contrastant avec les échos désespérés charriés par les envolées du refrain.
Des harmonies cafardeuses de Baisser les bras aux allures de rencontre entre Elliott Smith et Mark Linkous avec son piano mélancolique et ses chœurs déchirants, jusqu’au spleen non moins poignant et dépouillé de La grâce en passant par les radiances bucoliques des claviers d’À la maison sur fond d’acoustique nostalgique, on navigue ainsi sur French Songs entre espoirs déçus, mal-être diffus et conscience d’un avenir sans porte de sortie. Une vision résolument désabusée mais jamais dépressive pour autant grâce à la voix flûtée paradoxalement réconfortante de François, qui culmine sur Quatre par trois et son regard fielleux autant que truculent sur un parcours manqué.
C’est parfois drôle, souvent triste mais toujours sincère et touchant, voire même un peu trop pour les plus inadaptés d’entre nous qui ne manqueront pas de subir le revers d’un petit coup de blues de rigueur après s’être reconnus dans l’une ou l’autre de ces comptines intimistes, forcément éloignées des canons radiophoniques bien que l’on espère encore voir notre talentueux frenchie se tailler un petit succès dans les mois à venir, dans la foulée de son récent passage à Taratata - il s’agissait pour l’occasion du titre de clôture de l’album 1, 2, 3, ressorti en CD pour accompagner l’EP :


- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
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