Tout est dans le nom de ce trio nancéien qui livrait en début de mois son premier EP en vinyle et digital du côté de la plateforme cd1d : la tension hitchcockienne - référence au film Pas de printemps pour Marnie - et ses pulsions sexuelles refoulées jusqu’à la psychose, la dualité d’un rock à la fois primal et réfléchi, ce côté anachronique enfin, à vouloir faire perdurer l’héritage d’une noise farouche et d’un post-hardcore forcené dont les 90’s américaines nous avaient offert les plus beaux fleurons, de Shellac à The Jesus Lizard en passant par Drive Like Jehu.

Anachronique mais pas si désespéré finalement à en juger par cette nouvelle vague rageuse et déglinguée qui sévit en France depuis quelque temps, citons notamment Headwax, Plaisir ou pourquoi pas Vostok, tous plus ou moins élevés à la voltaïque décharnée d’Albini et consorts. Et si l’univers de You Freud, Me Jane ne fait pas exception, il a aussi ses singularités, les Lorrains Florent (Aghostino, De Tekooptehuuren) à la guitare, Nico (For My Hybrid, The Dopamine Addict Quartet) à la basse et Brice (Beeswax, Capseed) aux fûts n’étant pas nés de la dernière pluie. La scansion martiale du bien-nommé Dry On Me, les discordances expéditives de l’ultra-minimaliste Dai ! Dai ! Dai !, l’alternance de lamentations et de nonchalance désabusée du bipolaire Raunchy Dancing ou le break orageux de l’urgent Carradine et son faux-plat final aux riffs désamorcés par les dialogues samplés du film sus-nommé figureront ainsi à n’en pas douter parmi les plus beaux moments de tension rock qu’il nous aura été donné d’entendre cette année.

Quant à Belly Reef, il conclut paradoxalement cet EP jusque là plutôt fougueux sur une progression inversée aux allures de plongée vers les abîmes de la dépression et de la neurasthénie... c’est sans doute ce qu’on appelle avoir le sexe triste :