Tristan Nihouarn - Sauf Erreur De Ma Part

Pour son premier essai discographique, celui que l’on appelait Stan lorsqu’il officiait au micro de Matmatah réussit un brillant virage artistique.

1. Meredith
2. Ma Vie Est Un Chef-D’Œuvre
3. Des Merveilles
4. Sauf Erreur De Ma Part
5. Darjeeling Amer
6. Tu Me Gerces
7. La Démesure
8. Vientiane
9. Qu’Elles Viennent
10. Ton Chorégraphe
11. Dernières Nouvelles Du Bosphore

date de sortie : 26-03-2012 Label : Upton Park Publishing

Les deux derniers albums du combo breton, Archie Kramer et La Cerise, laissaient déjà entrevoir un certain décalage avec les premières livraisons discographiques aux arrangements parfois trop faciles du groupe. Pour autant, à mi-chemin entre les rythmiques galopantes de La Ouache et une folk décomplexée qui, on l’imagine, démangeait déjà Tristan Nihouarn, ces deux opus avaient laissé les premiers fans sur leur faim sans parvenir à trouver un nouveau public.

Alors que répéter la même formule aurait permis au groupe, base solide de fans oblige, de durer dans le métier, il faut au moins lui reconnaître le mérite de cette séparation qui aura permis à son leader de s’affranchir de l’envahissant patronyme évoquant un village troglodyte tunisien.


Désormais seul aux manettes, Tristan Nihouarn avait donc tout le loisir d’imprimer sa propre patte (la présence de cordes et de quelques digressions plus expérimentales notamment) à ce futur album enregistré aux côtés de Benoît Fournier, dernier batteur de Matmatah et d’autres musiciens à l’historique discographique moins fourni. Jean Fauque, fidèle parolier d’Alain Bashung fait également danser les vers sur Sauf Erreur De Ma Part qui n’aurait pas fait tâche au côté de La Nuit Je Mens sur Fantaisie Militaire.

Ce morceau, tant dans son interprétation que dans ses textes, fait figure de sommet de l’album. Mais Tristan Nihouarn peut aussi compter sur l’efficacité et la justesse de sa propre plume. C’est le cas sur Qu’Elles Viennent dont le minimalisme évoque les premiers travaux de Dominique A.


Après quelques écoutes qui devraient permettre d’apprécier les quelques excès de lyrisme assumés (Darjeeling Amer ou Vientiane), on se surprend à ne plus trouver quoi que ce soit à jeter sur cette galette. Les moments forts sont en revanche nombreux, à commencer par Tu Me Gerces et ses paroles caustiques ("J’aurais rêvé de plus chaudes averses et qu’enfin perce le derme, mon amour tu me gerces, tu me gerces le derme" ou l’art de jongler avec les figures de style). Meredith et Ma Vie Est Un Chef-d’Oeuvre, très bashungiens dans l’esprit constituent d’autres belles réussites, sans occulter Dernières Nouvelles Du Bosphore qui vient clôturer l’album dans un style plus galopant mais qui ne cède pas un pouce d’exigence, à l’instar des morceaux les moins accessibles de feu Matmatah. Le Roi est mort, vive le Roi.

On ignore si, comme Tristan Nihouarn l’affirme sur cet album, sa vie est un chef-d’œuvre. Son premier album solo, de par sa capacité à livrer de nouveaux trésors d’arrangements cachés à chaque écoute, n’est en revanche pas loin d’en être un...

Chroniques - 21.11.2012 par Elnorton