On vous avait déjà dit peu ou prou la même chose de leur précédent opus CuTe HoRSe CuT, mais il faut croire que les Caennais de GaBLé affutent un peu plus à chaque cuvée leur art du collage absurde et foisonnant, ce MuRDeD en écoute chez Mowno à une semaine de sa sortie sur le label Ici D’Ailleurs sonnant d’emblée comme un classique instantanée de pop malicieuse et déstructurée.

Si l’on ne finit plus de les comparer à Angil pour leurs fulgurances lo-fi tentées par la scansion punk et l’atonalité, ou plus encore à feu The Books dont ils ont très tôt su capter sans bêtement l’imiter la fraîcheur baroque tant hirsute que savante, à mi-chemin du bricolage lo-fi en bac à sable et de l’expérimentation en éprouvette marquée par la musique concrète, il faudra cette fois rajouter Deerhoof (cf. VeRBeNa Tea) au rang des figures vaguement tutélaires d’un groupe définitivement inclassable dont le regain d’efficacité bizarro-acidulée n’est décidément pas pour nous déplaire.

Des drôles de vocalises manipulées de oiTRe à l’alternance martèlements saturés/rêveries éthérées d’un LiMP To GLoVe au crescendo lyrique proprement désarmant, en passant par le swing darkwave décalé de SoLaiRe ou la poptronica psyché/glitchée du parfait PiNK CuT pile entre Dan Deacon et Why ?, Gablé semble par ailleurs creuser davantage ses compos, optant pour l’approfondissement au détriment de la profusion de vignettes ébauchées, un fourmillement qui continue néanmoins de secouer l’intérieur même de chaque morceau.

Quant à ce sens du contrepied qui fait tout le sel d’une musique aux allures de kaléidoscope gentiment azimuté, il aura rarement atteint de tels sommets quand dans l’enchaînement de SeeDeD, fervente comptine boisée, avec l’incandescent DRuMMeRS We HaTe aux accents de krautrock synthétique, et finalement le rétro-futuro-rigolo HoW MuCH, petite sucrerie toute en légèreté.