L’angoisse du 17 avril

Pourquoi le 17 avril ? Est-ce pour l’anniversaire de Maynard James Keanan ? Ou celui de Redman ? Peut-être est-ce pour célébrer le 107e jour du calendrier grégorien ? Ou pour éclairer d’une lumière nouvelle le méconnu Saint Anicet ? Qui sait ? C’est toutefois la date qu’ont choisie plusieurs salles parisiennes pour programmer des concerts immanquables. La multiplicité des concerts immanquables lors d’une unique soirée implique qu’il y en ait de manqués. Devant l’alternative, le fan hardcore doit répondre à ses pulsions les plus primitives s’il ne veut pas connaître le sort tragique de l’âne de Buridan.

Voici donc de quoi le faire saliver :

Dans le cadre du festival Sonic Protest qui se déroule à Paris et ailleurs, la Dynamo de Pantin jouira de la présence exceptionnelle de The Dead C (photo). Le trio néo-zélandais né dans les années 80 viendra défendre son art-rock lo-fi et culte pour la première fois en France. Ceux qui viendront voir ces vétérans du post-punk ne seront pas déçus de découvrir également ce soir-là Stephen O’Malley, décidément très présent à Paris en ce moment (il était au 104 ce weekend pour une prestation extatique de KTL), à l’occasion de la sortie du nouvel album de Gravetemple. Le trio expert dans l’art du doom ambient obscurcira l’énergie mécanique de La Dynamo.




Autre événement scénique, plus accessible mais non moins spectaculaire, le duo Buke and Gase dont on vantait il y a peu l’excellent General Dome, fruit de cinq années de dialogue entre le ukulélé baryton de Arone Dyer et le « Gase » de Aron Sanchez. Ces as du DIY, capables de fabriquer leur propres instruments, pratiquent une folk inhabituelle, authentique et agressive qui prend une ampleur majestueuse en live. Zs ouvriront pour eux, annonçant ainsi la sortie d’un nouvel EP. Les oreilles auront donc déjà bien été chauffées par leur magma free jazz à tendances franchement noise et psychédélique.




…And You Will Know Us By The Trail Of Dead... C’est le nom impossible que s’est donné un sextet ricain qui fait un bon vieux rock costaud, pas particulièrement original mais sensiblement efficace ! Après bientôt 20 ans de carrière, les Texans ont sorti leur 8ème album, Lost Songs, en octobre dernier et n’ont rien perdu de leur sauvagerie primitive. Multi-instrumentistes, ils s’échangent leur matériel sur scène et ont la réputation de l’exploser quand ils n’ont plus rien à jouer. Pour ceux qui aiment voir se briser le bois...




Dans la famille des groupes au nom imprononçable, voici le petit cousin belge, appelé BRNS. Des choeurs pop, des guitares qui alternent tendres roucoulades mélodiques et saturations noisy, une batterie qui file droit sans oublier de cogner là où il faut... Les quatre Bruxellois, en flirtant gentiment sur la vague indie-pop menée en grande pompe par Foals, ont tout de même su affirmer leur identité à travers leur premier album, Wounded, sorti il y a près d’un an et sont passés maîtres dans l’art de faire remuer le booty.




L’homme informé se voit désormais pris d’une soudaine angoisse. Que va-t-il faire ? Que faut-il choisir ? Si ça se trouve, en plus, il y a encore d’autres concerts intéressants auxquels il pourrait se rendre ce même soir. C’est fort probable. Ne chargeons pas davantage la mule. Le dilemme est suffisamment terrible. Elle ira là où son cœur mélomane la mènera ou mourra d’inanition pour n’avoir pas su choisir.

News - 10.04.2013 par Le Crapaud