The National - Trouble Will Find Me
Trouble Will Find Me est le sixième album de The National. Dire qu’on l’attendait de pied ferme serait un bel euphémisme tant le triptyque composé d’Alligator, Boxer et High Violet constituait un sans faute de grâce absolue.
1. I Should Live In Salt
2. Demons
3. Don’t Swallow The Cap
4. Fireproof
5. Sea Of Love
6. Heavenfaced
7. This Is The Last Time
8. Graceless
9. Slipped
10. I Need My Girl
11. Humiliation
12. Pink Rabbits
13. Hard To Find
Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, au rayon des invités, on retrouve Richard Reed Parry d’Arcade Fire, déjà présent sur High Violet et un Sufjan Stevens qui s’invite pour la troisième fois consécutive sur un disque du groupe. A leurs côtés, Annie Clark de St Vincent, Sharon Van Etten et Nona Marie Invie de Dark Dark Dark rejoignent les rangs des guests.
Les National ont été généreux sur cet album. Treize titres le composent pour cinquante cinq minutes, ce qui constitue la galette la plus longue jamais fournie par le quintette. Sitôt débuté le premier titre, I Should Live In Salt, on décèle déjà un lien logique avec High Violet. Presque plaintif mais jamais larmoyant, le morceau est tout en maîtrise et survolé par la voix de Matt Berninger. On a l’impression d’avoir déjà entendu mille fois ce morceau sans qu’il semble répétitif pour un sou.
Pas de sentiment avec les natifs de l’Ohio puisque Demons vient succéder à cette première claque. Les plus impatients connaissent déjà ce morceau - désigné comme premier single - fort agréable voire même cotonneux. La maîtrise du groupe est plus impressionnante que jamais et rappellerait davantage le sommet discographique que constitue Boxer. Et comme si cela ne suffisait pas, les Américains enchaînent avec Don’t Swallow The Cap, deuxième single de l’album. Il faudrait inventer d’autres termes pour éviter les répétitions, mais ceux de "maîtrise" et "classieux" semblent taillés pour la musique de The National. C’est encore une fois une démonstration du genre appuyée par la sobre efficacité des guitares des jumeaux Dessner et l’arrivée de la batterie de Bryan Devendorf que nous propose la bande emmenée par un Matt Berninger au-dessus de la mêlée.
Enchaîner trois titres de ce calibre impose de calmer un petit peu le rythme. Quiconque écoutera distraitement Fireproof ne décèlera sans doute jamais le potentiel de ce morceau comme The National a l’habitude d’en écrire. En toute tranquillité, le quintette nous pond une ballade efficace qui, quitte à écumer tous les albums précédents du groupe, évoque cette fois un Alligator qui achevait de faire entrer la formation dans la cour des grands. Loin d’être un titre mineur, celui-ci ouvre la voie à Sea Of Love, troisième single du disque et dont on présume, dès l’intro, qu’il s’agira d’un grand morceau au rythme galopant dans la lignée d’un Mistaken For Strangers. Sauf que même si The National n’est pas la formation la plus surprenante qui soit, Sea Of Love intègre quelques breaks qui modifient la trajectoire toute tracée qu’on lui imaginait avant de filer vers de majestueuses cimes insoupçonnées.
Le rythme se calme ensuite avec la ballade Heavenfaced qui, après une première partie plus dispensable, propose une douce explosion classieuse. This Is The Last Time s’emboîte magnifiquement avec le morceau précédent en adoptant un rythme similaire qui contribue à "casser" la cadence infernale proposée par les cinq premiers morceaux. Mais il ne s’agissait là que d’un break puisque Graceless démarre sur les chapeaux de roue, Bryan Devendorf étant en grande forme derrière les fûts pour soutenir l’application des autres musiciens qui se permettent même un petit pont inattendu et réussi au bout de trois minutes.
Puis vient un nouveau chef-d’oeuvre. Slipped, en l’occurrence, est une de ces ballades qui nous rappellent pourquoi les National sont quelques centaines de mètres au-dessus des autres formations du genre. A la manière d’un Green Gloves sur Boxer, les auditeurs distraits ou non-avertis auront rapidement envie de zapper le morceau quand les plus attentifs y décèleront tout le charme et l’adresse du quintette.
La jolie ballade I Need My Girl plus tard, Humiliation remet le couvert dans la lignée d’High Violet. Deux nouvelles ballades, Pink Rabbits et Hard To Find viennent ensuite clore le disque. On se dispense de les détailler davantage, le champ lexical de la majesté ayant déjà été usé jusqu’à la moelle. Le tir groupé de ballades en fin d’album, à un moment où l’attention de l’auditeur décline, constitue néanmoins le seul bémol que l’on pourra apporter au disque.
Vous l’aurez compris, The National n’a rien perdu en maîtrise et en classe (c’est promis, on n’utilise plus ces termes jusqu’à la fin de la chronique), tandis que Matt Berninger est plus que jamais au sommet. A l’instar de son prédécesseur, ce disque se mérite néanmoins, et il ne serait pas étonnant que deux ou trois écoutes soient nécessaires pour l’apprécier à sa juste valeur. Quant à savoir s’il a le niveau du triptyque précédent ? Clairement, oui. Car s’il n’égale probablement pas Boxer, sommet des sommets, Trouble Will Find Me est au moins au niveau d’High Violet. L’exploit n’est pas mince.
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