50 ans de Morricone en 50 morceaux

Dieu sait qu’il n’y pas besoin d’occasion particulière pour rendre hommage à Ennio Morricone, le génie aux 500 BOs qui continue de briller du haut de ses 84 printemps comme en témoignait encore il y a quelques mois le score du poignant La Migliore Offerta, dernier chef-d’œuvre snobé par les distributeurs français de son ami Tornatore. Mais Dieu, puisqu’il est avec nous et que lui non plus n’aime pas les Yankees, sait aussi nous rappeler que Morricone ce ne sont pas que les versions policées au violoncelle par Yo-Yo Ma, les pubs Royal Canin avec Belmondo dans le rôle du clébard ou les Best Of RCA/BMG alignés sur les goûts de la ménagère.

Morricone, seul compositeur lyrique du XXème siècle capable de rallier tous les publics, mélodiste le plus désarmant de l’histoire du 7ème art, arrangeur le plus inventif de son époque, un sens de l’espace et une économie de moyens hors normes... certes. Mais Morricone, par-delà le lyrisme en cinémascope et les cavalcades épiques des westerns de Sergio Leone et de ses émules transalpins de la fin des années 60, ce sont également les scores flippants pour Dario Argento et les comptines psyché lounge du tournant des 70s, les séries B avec Schwarzy en armure caoutchouc et les films de charme italiens où l’on attend désespérément qu’il se passe quelque chose sous la ceinture, les cordes dissonantes, chœurs baroques et percussions en liberté, un retour tardif vers le classique contemporain et la musique sacrée, les prémices de l’ambient moderne ou du trip-hop (les vocalises troublantes et omniprésentes d’Edda Dell’Orso n’y étant sans doute pas pour peu de chose), l’arrivée sur grand écran du bruitisme et même de la musique concrète débarrassée avec brio de ses oripeaux prétendument savants.

Morricone, figure tutélaire pour John Zorn qui lui rendra hommage à travers les reprises de The Big Gundown en 1985, Mike Patton qui compilait quelques-unes de ses plus belles perles anxiogènes sur Crime & Dissonance en 2005, plus récemment Danger Mouse & Daniele Luppi dont le projet Rome était ouvertement calqué sur le son du compositeur italien, survivants de Cinecittà à l’appui, ou encore Ghostface Killah & Adrian Younge qui sur leurs 12 raisons de mourir lui en doivent bien 4 ou 5. Mais Il Maestro demeure inimitable comme en atteste le véritable crève-cœur de ne sélectionner que 50 compos de sa pléthorique discographie (largement concentrées il est vrai sur ses 20 premières années d’activité), qui plus est jamais plus d’une seule par bande originale et dans la limite des titres disponibles à l’écoute. Avec le minimum syndical de thèmes archi rebattus et en essayant de varier les plaisirs un maximum sans pour autant tomber dans le catalogue érudit au détriment de ces morceaux de chevet qui me font vibrer depuis tant d’années, jamais loin des images qu’ils ravivent mais jamais amoindris sans elles.

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- Tracklist :

1. Per Un Pugno Di Dollari - 1964
2. Non E Un Dramma (I Pugni In Tasca) - 1965
3. Addio Colonnello (Per Qualche Dollaro In Piu) - 1965
4. Il Profilo Del Destino (Navajo Joe) - 1966
5. Teme Of Ali (The Battle Of Algiers) - 1966
6. L’Estasi Dell Oro (Il Buono, Il Brutto, Il Cattivo) - 1966
7. Svegliati E Uccidi - 1966
8. La Caccia (La Resa Dei Conti) - 1967
9. Deep Down (Danger Diabolik) - 1968
10. Il Grande Silenzio - 1968
11. Estasi (Il Mercenario) - 1968
12. L’Uomo Dell’Armonica (C’era Una Volta Il West) - 1968
13. Lontano (Gott Mit Uns) - 1969
14. Piume Di Cristallo - Alternate Version (L’Uccello Dalle Piume Di Cristallo) - 1969
15. Al Messico Che Vorrei [feat. Christy] (Tepepa) - 1969
16. Alla Luce Del Giorno (Metti Una Sera A Cena) - 1969
17. Vamos A Matar, Compañeros - 1970
18. Queste e Quelle [feat. Chico Buarque] (Sonho de um Carnaval) - 1970
19. Rito Finale (Citta Violenta) - 1970
20. Ninna Nanna In Blu (Il Gatto A Nove Code) - 1971
21. Astratto 2 & 3 (Veruschka, Poesia Di Una Donna) - 1971
22. Come Maddalena (Maddalena) - 1971
23. Pazzia Da Lavoro (La Classe Operaia Va In Paradiso) - 1971
24. Ma Non Troppo Erotico (Le Casse) - 1971
25. Dopo l’Esplosione (Giu La Testa) - 1971
26. La Lucertola (Una Lucertola Con La Pelle Di Donna) - 1971
27. The Ballad Of Sacco And Vanzetti Part 1 [feat. Joan Baez] (Sacco E Vanzetti) - 1971
28. Trafelato (Giornata Nera Per L’Ariete) - 1971
29. La Festa Di Sabato (Correva l’Anno di Grazia 1870) - 1971
30. La Cosa Buffa - 1973 [flagrant délit de recyclage mélodique, cf. le morceau précédent]
31. Victima Pascbali Laudes (The Smile Of The Great Temptress) - 1973
32. Buona Fortuna Jack (Il Mio Nome E’ Nessuno) - 1973
33. Bambole (Spasmo) - 1974
34. Quando Arriva L’Amore (Un Genio, Due Compari, Un Pollo) - 1975
35. Estate - 1908 (Novecento) - 1976
36. Gli Scatenati (Il Gato) - 1977
37. Ipocrisia (La Smagliatura) - 1977
38. Harvest (Days Of Heaven) - 1978
39. Eternity (The Thing) - 1982
40. Copkiller - 1983
41. Friendship & Love (Once Upon A Time In America) - 1983
42. End Credits (Red Sonja) - 1985
43. Penance (The Mission) - 1986
44. Four Friends (The Untouchables) - 1987
45. Visita al Cinema (Nuovo Cinema Paradiso) - 1989
46. Casualties Of War - 1989
47. Grace (U-Turn) - 1997
48. La Leggenda Del Pianista Sull’Oceano - 1998
49. A Heart Beats In Space (Mission to Mars) - 2000
50. Volti E Fantasmi (La Migliore Offerta) - 2013


Blog - 10.07.2013 par RabbitInYourHeadlights
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