Des reflux austères d’une marée de bruit blanc éclatent peu à peu comme des bulles de savon d’étranges tourbillons de synthés distordus, tandis qu’émergent les pulsations lourdes de menace d’un lit de basses fréquences zébré d’interférences stridentes. Autant dire que le Palois BR-202 n’a pas choisi la facilité au moment de passer au format long mais on n’en attendait pas moins de l’auteur d’Installations Nocturnes, EP dont les promesses de futur dévasté trouvent dans cette nouvelle séries d’impros analogiques un sens de l’épure qui sied on ne peut mieux à ces prémices d’un monde en reconstruction.

Maison toulousaine dédiée aux expérimentations de tous bords (acousmatique, électro, noise, ambient, folk, krautrock, chacun y trouvera son compte), c’est encore Stomoxine qui régale et passé le crescendo dramaturgique de cette face-A déjà fort dépouillée, la suite de l’album s’avère on ne peut plus minimale, des cliquetis grésillants et autres modulations déboussolantes de B-1 aux nappes de Korg élégiaques de B-3 en passant par la mélodie de synthé régressive de B-2 dont les approximations malaisantes réveillent en nous quelque terreur d’enfance sapant aussi sûrement que ces esquisses désincarnées les rassurants contreforts de la raison.