A défaut de renouer avec le lyrisme en flux tendu d’un London Town qui brillait autant par le souffle épique de sa narration que par la grâce de ses chansons, cette collection de petits classiques instantanés fait de nos deux échappés d’Ooberman les dépositaires d’une pop de chambre comme on n’en fait plus, compositions à tiroir et songwriting audacieux transcendés par les arrangements baroques du magicien Dan Popplewell et les charmes désabusées de la chanteuse Sophia Churney.

Dynamité par une paire de cavalcades débridées, du tube Festival Of Fire qui sonne un peu comme si Danny Elfman avait été débauché pour booster la Turquie à l’Eurovision 2017, au déjà connu I Got The Answer étrenné cet été tout comme le charmant Love Is Blue par un premier EP sur le label espagnol Elefant Records qui héberge désormais ces Liverpuldiens trop longtemps ignorés chez eux, The Long Way Home fait néanmoins la part belle au romantisme à fleur de peau de ballades que n’aurait pas reniées Ooberman à la grande époque du désarmant Carried Away, citons I Want To Die By Your Side que les malentendants taxeront de mielleux tandis que les autres sangloteront en souriant bêtement, l’inoubliable morceau-titre ou les petits chefs-d’œuvre de pop victorienne que sont The Sampler et Heart Strings.

Pour le reste, quelques jolies réminiscences 60s recyclent sans démériter les Kinks et The Left Banke (It Was Glorious) ou encore les Zombies (Your Hateful Armchair) mais si un morceau sort du lot et impressionne de bout en bout c’est bien Cathedrals Of The Mind, typique de l’écriture pessimiste teintée d’humour caustique qui aura valu à Dan Pop plus d’une comparaison avec l’ineffable Luke Haines, une verve ici plus vertigineuse que jamais raillant l’homo sapiens et la tragique vanité de ses achèvements voués à l’auto-destruction, non sans une touche d’amertume sans équivoque sur l’humanisme sous-jacent des deux Anglais.