Le streaming du jour #1122 : Saison de Rouille - ’Déroutes sans fin’

Arpentant avec fébrilité sa lande de désolation aux abords d’un doom bluesy, d’une no wave déglinguée et d’un hardcore déliquescent, l’indus bouillonnant du trio parisien déroute avant tout par la collision des beuglantes rauques presque atones du chanteur Karl Sugin et d’une noise anguleuse nettement plus enfiévrée, un entre-deux qui souffle le chaud et le froid mais surtout quelques gallons d’air bien vicié sur cette suite du pesant et déjà très bon Caduta dei Gravi de 2012.

A la fois plus décharné encore (on n’y entend plus de tourments violoneux, par exemple) et plus dense dans sa violence contenue par le biais d’un amoncellement de guitares orageuses et abondamment distordues, de rythmiques desséchées dont la mécanique s’emballe et s’enraye constamment jusqu’au malaise, voire de claviers aux nappes lancinantes plus subliminales, Déroutes sans fin sonne comme la bande originale du dernier road movie avant l’apocalypse, fuite en avant où la rage du désespoir le dispute au nihilisme de celui qui sait que tout est perdu.

On passe rarement après les chroniques qui disent déjà tout mieux qu’on ne saurait le faire mais voilà, il arrive que la coque rugueuse et désincarnée d’un disque pourtant viscéral et vital à l’extrême fasse craindre le malentendu au point de vouloir en rajouter une couche, ou plutôt contribuer à en gratter la couche et encourager les plus téméraires de nos lecteurs à faire de même :


Streaming du jour - 08.07.2014 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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