Un album sans début mais avec 12 fins, voilà ce que propose le Parisien Cyrille Poumerie sur cet Ending Songs acoustique et lo-fi, véhiculant d’un bout à l’autre cette gravité un brin neurasthénique qui caractérise souvent le dernier morceau d’un album, le poids de l’adieu en somme mais passé au crible d’un goût toujours marqué pour les harmonies décadentes et les digressions déglinguées.

Avec sa pochette désuète flanquée d’une paire de muses champêtres dont la pose solennelle et forcée évoque les photos du début du siècle dernier, ce nouvel opus de Cyrod Iceberg disponible à prix libre pourrait facilement éveiller la curiosité des férus de folk countrysante façon Mariee Sioux ou Alela Diane voire, par son titre aux allures de recueil élégiaque, celle des admirateurs de Matt Elliott. S’il s’aventure bel et bien du côté de l’Amérique profonde avec The Scene et flirte volontairement ou non avec les complaintes latines et dépressives de l’ex The Third Eye Foundation sur Soul Eater ou surtout A Dream, ce serait toutefois bien mal connaître l’auteur du dronesque Cause Primaire dont les présentes incursions acoustiques, revêtant cette fois encore bien des facettes, doivent autant à Bowie (Ocean Coming et son violoncelle vibrant) ou Lou Reed (Mary Said) qu’à Big Star (la vignette romantique A Girl et son espoir diffus), au psychédélisme 60s (Mainland, Farewell et le trip bucolique d’Outside) ou au rock mal peigné des 90s (Histrionik).

Pas franchement pimpant mais pas tristounet pour autant grâce à un sens réjouissant du dérisoire voire de la dérision (cf. le génial Mutations ou A Concrete Estimation avec ses faux airs de Nick Drake bontempi), voilà donc l’objet idéal pour réconcilier les allergiques au classicisme folk avec l’intensité à nu des guitares en bois :