Le streaming du jour #1170 : Orlando Julius w/ The Heliocentrics - ’Jaiyede Afro’
Réputé plus seulement pour ses rééditions (avec un penchant tout particulier pour les mètres-étalons de la musique africaine des 60s/70s) mais aussi désormais pour ses résurrections (de Mulatu Astatke à Grandmaster Flash), la label anglais Strut remet ce mois-ci sur la carte le pionnier afro-soul Orlando Julius sous l’impulsion créative de l’orchestre maison, le génial collectif londonien The Heliocentrics passé maître dans l’exercice du dépoussiérage ethno-jazz.
Au sortir de l’aventureux 13 Degrees Of Reality, d’aucun seront surpris de retrouver aussi discret le combo jazz/funk abstract et narcotique de Jake Ferguson et Malcolm Catto, simple backing band pour le mythique saxophoniste nigérian... du moins en apparence. Car si l’on est loin des compos à tiroirs du monumental Inspiration Information 3 qui avait tiré le percussionniste Mulatu Astatke de sa retraite en 2009 ou même des denses méditations mystiques en flux tendu du très bon Lloyd Miller & The Heliocentrics en compagnie de l’ethno-musicologue et multi-instrumentiste américain, Jaiyede Afro bénéficie d’une section rythmique au cordeau et d’un subtil background psyché comme les Londoniens en ont le secret, effaçant avec classe les 40 ou 45 ans qui séparent de cette première impression sur sillons l’origine scénique des compositions de Julius.
Sa mixture d’afrobeat, de jazz et de funk revêtira ainsi, entre deux hymnes libertaires et coulants aux élans festifs et communautaires (cf. les chœurs traditionnels d’Omo Oba Blues ou du désarmant morceau-titre), des airs de bande originale de film blaxploitation imaginaire sur un Sangodele tout en basses félines et en wah-wah droguées, tandis que Be Counted lorgne sur le free jazz sans pour autant se départir du groove assassin typique de cette musique dansante et engagée que produisait le Nigéria à l’époque en réaction au régime répressif en place.
Et en attendant de retrouver nos Heliocentrics dès le mois prochain en compagnie d’un autre passionné de cosmologie, le compositeur et cinéaste Melvin Van Peebles au spoken word sur The Last Transmission, odyssée amoureuse interplanétaire en 12 chapitres qui devrait nous rappeler que l’auteur du cultissime Sweet Sweetback’s Baadasssss Song fut également un précurseur blaxploitation (un extrait ici, déjà fabuleux en version instru), Alafia en toute fin du disque qui nous occupe ici ne manque déjà pas de laisser un peu de champ au combo britannique avec ses motifs de claviers psychédéliques et sa production nébuleuse en partance pour l’espace :
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