The White Birch - The Weight of Spring
Dix ans après Come Up For Air, les Norvégiens de The White Birch sont de retour. Vraiment ? En creusant la chose, plus que celui d’un retour, The Weight of Spring semble être le disque d’une renaissance.
1. New York
2. The Fall
3. Solid Dirt
4. Lamentation
5. Winter Bride
6. The Weight of Spring
7. The Hours
8. Lantern
9. Love, Lay Me Blind
10. Lay Me by the Shore
11. Mother
12. Spring
Si ce terme s’impose, c’est que ce hiatus de dix ans n’avait pas vocation à relever de la pause. La séparation de The White Birch était actée, et il n’aurait jamais dû y avoir de successeur à Come Up For Air.
Dans la configuration initiale du groupe, il n’y en aura d’ailleurs probablement jamais. Car le terme de "renaissance" se justifie également dans la forme. L’apparence de la bête a changé, et, au lieu de trois Scandinaves (ils étaient même quatre jusqu’en 2000), il n’y en a plus qu’un seul aux manettes du projet.
Ola Fløttum, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a eu besoin de traverser quelques contre-allées avant de revenir à ses premières amours. Pendant près d’une décennie, il se spécialisera dans la composition de bandes originales, participant brillamment à celles, notamment, de Reprise ou d’Oslo, 31 Août, la contre-allée s’étant, dans le cas du second, miraculeusement transformée en grand axe.
Problème de riche, Ola Fløttum a amassé une trop grande quantité de matériel de qualité ne trouvant sa place sur aucune bande originale. L’aubaine était trop grosse. En harmonisant ces pistes et en les retravaillant, The Weight of Spring n’apparaît en rien comme une compilation. Le fil se déroule pendant une heure. Simplement et tranquillement.
Pour autant, quelque chose a changé depuis Come Up For Air. Le Norvégien maîtrise mieux les paradoxes que jadis. Est-ce là l’effet d’être le seul à tenir entre ses mains le gouvernail ? Qu’importe. La tranquillité, la tristesse, et le sentiment de contemplation d’une beauté évidente, bien que contradictoires, sont autant d’expressions dont les traits ont été renforcés.
The Weight of Spring. Le titre de l’album en dit déjà beaucoup sur son contenu. Du sentiment de renaissance aux nuances entre des émotions contradictoires, tout respire ici le Printemps. Quant au poids évoqué, il est difficile de ne pas penser à celui des années écoulées ainsi qu’aux boulets que semble traîner son auteur, perturbé par différents deuils ces dernières saisons.
Difficile de ressortir un titre de cet ensemble. Là n’est de toute façon pas l’objectif de ce disque homogène qui ne cherche pas à attirer le chaland par de quelconques tours de passe-passe. L’authenticité est le maître-mot. Ce préalable indispensable à la transmission de l’émotion est pleinement rempli. La fragilité et la délicatesse de l’ensemble pourront nécessiter quelques écoutes pour que l’auditeur se les approprie.
En ce sens, la démarche aussi bien que le résultat rappellent ici et là quelques contemporains aussi prestigieux que Perry Blake (Solid Dirt), Matt Berninger de The National (Lamentation), Jonathan Meiburg de Shearwater (Winter Bride), Pål Angelskår de Minor Majority (Lay Me By The Shore) ou même Stuart A. Staples des Tindersticks.
Un piano délicat, une voix qui hésite entre la volonté de s’affirmer et la peur de déranger si bien qu’elle intervient fréquemment en susurrant, la présence rarissime de percussions et, ici et là, quelques accords de guitare : la recette n’évolue pas beaucoup au cours du disque. Mais ne sont-ce pas la fraîcheur des ingrédients et le savoir-faire du cuisinier qui assurent la qualité du plat ? En ce sens, les spectres de Sophia et Mark Hollis planent également sur The Weight of Spring, l’un des disques qui marquera 2015.
L’allusion dans le titre à l’un de mes titres préférés de Radiohead est certes alambiquée, mais la démarche ne correspond-elle pas, finalement, au contenu de cette année jalonnée par l’horreur, l’incertitude et la puérilité des crêpages de chignon de ceux qui nous gouvernent ? Et sur le plan musical, alors ? Un bon cru, décliné en trois parties, avec au (...)
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