Workin’ Man Noise Unit - Play Loud
Workin’ Man Noise Unit sort son premier long format. « We are drums, noise, bass, guitar, vocals, sound, energy, bad jokes » et c’est plutôt bien vu.
1. With Love Supreme
2. Crusin’ The IDR
3. Icegrill 420
4. Creepin’ Round
5. Yeah I Was Hypnotised
6. Black Lights
7. Smoke Like Hell
8. Hate It
9. Jammer
Workin’ Man Noise Unit débarque de Reading et compte une guitare (Sam Clarke), une basse (Dominic James), une batterie (Jon Cornwell) et un tourbillon ininterrompu de distorsions électroniques et abrasives venant recouvrir l’écorché basique (Jamie Hobley). Après une flopée de cassettes et un 45 tours (Yellow Mind), voici venir Play Loud, leur premier long format. Neuf morceaux, trente-deux minuscules minutes et un titre en forme d’injonction. Le tout emballé sous une pochette tout à la fois christique et psychédélique signée Tim Farthing (Hey Colossus/Henry Blacker), flanquée du vénérable logo Riot Season. Quand on a dit ça, on a tout dit. Enfin, presque. Bien sûr, on retrouve ça et là quelques effluves psycho-plombés déjà croisés dans l’empan du label mais ils ne suffisent pas à circonscrire la musique de Workin’ Man Noise Unit. À certains moments, ça sonne comme un Killdozer spécialisé dans les reprises de Suicide, à d’autres, comme un Black Sabbath revenu d’entre les morts pour hanter le catalogue de Touch & Go ou d’AmRep. On y entend également du Mudhoney, du Part Chimp et des stridences qui rappellent fortement le Pere Ubu de Final Solution. Un curieux mélange aux formes prototypiques mais aux contours singuliers. C’est complètement punk mais aussi très psychédélique, indubitablement stoner tout en étant foncièrement noise. Du coup, à force de nous faire penser à tout un tas de choses sans que l’on puisse mettre le doigt pile dessus, on ne sait jamais très bien ce que Play Loud convoque et on laisse tomber le petit jeu de la catégorisation et des influences pour se lover dans le disque en l’écoutant très fort.
On fait bien.
Tout ici est tendu vers une efficacité maximale. Les riffs tout à la fois plombés et angulaires, la distorsion assez crade qui habite le moindre interstice, deux voix urgentes qui s’entremêlent et la rythmique majoritairement lapin Duracell dessinent des morceaux bien heavy mais surtout très variés. Alors que le premier titre, With Love Supreme, laisse ainsi entrevoir un album monolithique et recroquevillé sur ses ondes sabbathiennes, le suivant, Crusin’ The IDR, prend par surprise et abandonne la lourdeur au profit d’une vibration up tempo et bien punk sur le refrain. Et il en va de même pour tout le reste. Du bluesy-cramé Smoke Like Hell au plus posé (du moins dans son entame) Black Lights, du très doom Hate It au curieux Yeah I Was Hypnotised qui débute comme du Torche mais finit par se blottir dans des marécages sludge en cours de route, l’album emprunte plusieurs directions sans jamais se départir de son odeur mêlée d’huile de vidange et de sueur. « Stale beer on sticky floors » ajoutent-ils sans que l’on n’y trouve quoi que ce soit à redire. Sonnant tout à la fois crades et ciselés, les morceaux regardent souvent dans le rétroviseur (quelques riffs frat rock bien classiques mais toujours jubilatoires) alors que les apports synthétiques les précipitent plutôt vers l’avant. Ces derniers ne sont pourtant pas là pour recouvrir l’ensemble d’un pseudo voile arty mais plutôt pour édifier et révéler sa grande bizarrerie. L’entremêlement des deux voix apporte également beaucoup à Workin’ Man Noise Unit, soulignant tout à la fois son côté résigné et urgent. « We’ve got nothing to say but we’ll say it anyway » s’époumonent-ils sur Icegrill 420, on les remercie pour cette profession de foi. D’autant plus qu’ils le font très joliment.
Play Loud est donc parfaitement irrésistible dans sa façon de lorgner dans toutes les directions à la fois en restant toujours cohérent. Filant à la vitesse de l’éclair, il ne s’épuise pas. Tout cela étant parfaitement résumé par sa chouette pochette à bien y regarder. Une preuve supplémentaire qu’absolument rien n’est laissé au hasard là-dedans. Play Loud, bien plus qu’une injonction, une prescription.
Excellent.
2015 s’en va, j’en profite pour dresser un petit bilan non exhaustif. Les disques ci-dessous sont regroupés par association - d’idées, de labels, de musiciens, de genres et j’en passe. C’est un peu flou et téléphoné, c’est surtout très subjectif mais c’est souvent comme cela que mes écoutes fonctionnent. Une belle année quoi qu’il en soit (concernant (...)
Ne pas se fier aux roses de la pochette. It’s Not Nothin’ n’en a clairement pas l’odeur même s’il en conserve les épines. Crade et punk, ce nouveau Workin’ Man Noise Unit s’avère fortement jubilatoire.
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