Le streaming du jour #1342 : BEAK> & KAEB - ’Split EP’

Geoff Barrow n’est même pas usé par les années alors qu’il déroule une discographie impeccable, que ce soit évidemment avec Portishead, mais aussi dans le projet hip-hop Quakers ou dans une veine krautrock avec BEAK>.

C’est justement sous cet alias qu’il s’est présenté cet été. Toujours aussi mystérieux, il s’invente un double dénommé KAEB avec lequel il partage l’affiche sur cet EP aux allures de split, à moins que cela ne soit l’inverse. Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse. Et dans ce domaine, Geoff Barrow vise juste en s’affranchissant une nouvelle fois de limites qu’il ne viendrait de toute façon à l’idée de personne de lui fixer.

D’entrée, l’intérêt du groupe pour le krautrock est clairement perceptible sur The Meader, le titre s’appuyant sur un riff hypnotique et une rythmique délibérément lourde. La tension est à son comble, et elle se maintient sur un Broken Window instrumental qui débute en contenant une hargne à peine dissimulée, avant d’évoluer vers un amoncellement de nappes à la fois planantes et lugubres, comme si Röyksopp s’était mis au krautrock. A la fois déroutant et brillant.

De krautrock, il a beaucoup été question à la fin de la décennie précédente, lorsque Portishead avait réalisé une formidable mue sur Third et que Geoff Barrow avait lancé BEAK>. Connaissant l’audace du bougre, il ne pouvait pas se contenter de maintenir le projet dans ce registre. La création de ce double intitulé KAEB n’est probablement qu’un prétexte pour justifier l’exploration de nouveaux horizons sonores, puisque When We Fall, signé sous ce nouvel alias, propose d’élégantes harmonies vocales épousant une délicate mélodie à la guitare qui n’est pas sans rappeler celle de The Rip, avant que de sublimes cordes n’ajoutent (encore) un supplément d’âme à ce titre qui se rapproche d’une pop mélodique et charme l’auditeur dès les premières mesures.

Ne reste plus qu’à boucler la boucle avec There’s No One. Pour ce faire, l’ambiance est immédiatement hypnotique, bien aidée en cela par des chœurs répétés au caractère singulier. L’ensemble évolue vers une forme de chaos avant que les gimmicks digressifs chers à Geoff Barrow ne fassent irruption pour signifier une tentative de retour à la réalité.

Comment continuer à vivre après le chaos ; il s’agit probablement de l’un des questionnements les plus vifs de cette année 2015 dont on a attendu le dernier jour pour présenter l’un des EPs les plus aboutis.


Streaming du jour - 31.12.2015 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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