Deux ans et demi après la sortie d’un premier LP éponyme, Morgan Delt se présente à la face du monde avec un tout autre statut. Programmé cet été à La Route du Rock et désormais signé chez Sub Pop, l’Américain devrait rapidement s’offrir une certaine assise dans l’estime des amateurs de pop psychédélique.

Au risque de sombrer dans le cliché, au gré de la « zénitude » qui se dégage de ses compositions, depuis quel autre état que la Californie Morgan Delt aurait-il pu provenir ? Ainsi, cette décontraction abritant une ironie désabusée n’est pas sans évoquer celle des Beach Boys ou des Byrds.

Mais l’on ne parle ici que de l’esprit. Sur la forme, les premières influences qui viennent à l’esprit lorsque l’on écoute Phase Zero ne sont pas celles de Brian Wilson ou Roger McGuinn et leurs compères. Paradoxalement, c’est vers la Grande-Bretagne qu’il faut alors se diriger, avec quelques réminiscences du jeu de guitare de Blur sur A Gun Appears ou, surtout, le fantôme du space rock de Spacemen 3 qui plane en permanence sur cet opus. Pour revenir à des influences américaines, mais du côté de la Big Apple, Morgan Delt semble également avoir parfaitement digéré le psychédélisme de MGMT.

De riches influences donc, mais surtout la promesse d’une traversée agréable où l’auditeur sera plus souvent qu’à son tour dérouté par la simplicité de ces ritournelles gardant toute leur distance avec les incursions électroniques qui ont tendance à envahir le psychédélisme, et la riche production – assurée par JJ Golden, croisé chez Calexico, Deerhunter, Alela Diane ou même Sonic Youth – qui confère un caractère véritablement hallucinatoire aux nappes instrumentales et aux effets vocaux, en retrait mais toujours présents. En quête de repères ou justement désireux de les perdre, qu’importe, Phase Zero est un disque qui sait s’adapter aux humeurs et aux besoins de l’auditeur.