Le streaming du jour #1446 : Peter Holy - ’s/t’

Souvenez-vous, 2011, on vous touchait un mot de Tupolev, combo viennois dont les instrus à la croisée du jazz azimuté de John Zorn et du post-rock de tête chercheuse de feu Gastr Del Sol devaient leur dynamique à la schizophrénie du piano de Peter Holy, entre spleen tourmenté et emballements déconstruits. Depuis, plus de nouvelles du quartette autrichien, si ce n’est par le biais du bassiste/violoncelliste Alexandr Vatagin dont le faramineux Serza explorait il y a près de quatre ans déjà une veine plus ambient et onirique, faite de post-rock feutré et d’impressionnisme électro-acoustique.

Pas plus étonnant donc de retrouver ce dernier - ainsi que le batteur de Tupolev, David Schweighart - en renfort du premier effort solo officiel de Peter Holy (dix ans après un CD-R dont il revisite ici deux morceaux), que d’apprendre qu’il s’agira là de l’ultime soubresaut de leur écurie Valeot, sortie digitale uniquement et librement téléchargeable faute d’avoir pu bénéficier de l’exposition méritée (même Serza, sur lequel le label en était resté, n’ayant toujours pas écoulé tous ses vinyles et CD, on parle pourtant là d’un des plus beaux albums de 2013, si c’est pas malheureux).

Tant pis, la bonne nouvelle au moins c’est qu’on pourra se balader partout avec ce petit bijou de piano atonal dans les oreilles, album ou EP qu’importe après tout, c’est en tout cas 17 minutes de bonheur assuré pour ceux qui comme moi ont toujours admiré la capacité de Mark Hollis ou encore Stina Nordenstam à laisser leur mal-être s’évaporer dans l’air ambiant. La comparaison toutefois s’arrête là, comme avec Tupolev c’est surtout aux deux derniers longs formats de Gastr Del Sol que l’on pense, jusque dans le chant toujours candide malgré une évidente fatigue existentielle (Three et Time où le violoncelle d’Alexandr Vatagin égrène des trésors de mélancolie) dont les circonvolutions équilibristes évoquent celui de David Grubbs.

A l’image de sa cover enneigée, l’album semble en effet essoré de ses couleurs mélodiques et attend un hypothétique retour à la vie, en quête de lumière depuis les élans réfrénés d’un 8 plombé d’entrée, d’un Ice Cubes dramaturgique aux percussions tendues ou d’un Statistics timidement convulsé dans ses roulements de batterie, jusqu’aux Almost Forgotten ou Snail Shell gagnés par la neurasthénie. "I’m waiting patiently for every colour to turn into light" résume ainsi l’Autrichien sur ce dernier avant que les ultimes accords de piano discordants du Finale ne disparaissent dans le néant. Tout ce qu’on espère, c’est qu’il n’en sera pas de même de Tupolev, dont on espère toujours un quatrième opus six ans après...


Streaming du jour - 01.12.2016 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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