Chez Talitres, la filière de l’Est fonctionne à merveille. A tel point que l’on en vient à relayer des sorties qui, telles ce Shen Anateb, sont particulièrement courtes. En sept minutes, Eko & Vinda Folio parvient en effet à déployer une atmosphère qui semble suspendre le temps, si bien qu’à l’issue des deux titres qui composent l’opus émerge l’impression que celui-ci s’est étendu sur une durée trois fois plus importante.

Sans bouleverser les codes de cette fusion entre post-punk et coldwave dont ils appliquent les principaux commandements, les Géorgiens proposent suffisamment d’idées brillantes pour justifier l’écoute – et la réécoute compulsive – de Shen Anateb et Agurit Khelshi.

Des idées brillantes donc, mais surtout une ambiance à laquelle l’auditeur n’a pas d’autre choix que d’adhérer dès les premières boucles de guitare jouées par Temo Ezugbaia. Glauques mais presque dansantes à l’instar d’Agurit Khelshi, les compositions du duo évoquent volontiers Joy Division, la voix grave d’Erekle Deisadze n’y étant pas pour rien, mais quelques éléments ponctuels peuvent apparaître ici et là pour apaiser l’ambiance, à l’instar de quelques nappes que ne renierait probablement pas Depeche Mode.

La nuance a donc toute sa place sur ces sept minutes qui suffisent à nous rendre extrêmement curieux (et impatients) à l’idée de découvrir un éventuel long format du duo basé à Tbilissi. Mais cette curiosité est également macroscopique et s’étend à l’ensemble du label Talitres tant le bouche-à-oreille semble fonctionner au sein de l’institution, dont les dirigeants ont découvert Eko & Vinda Folio sur les conseils avisés de Vladislav Parshin (Motorama).