Le streaming du jour #1574 : Otherdays - ’On The Eighth Floor ​/ ​At The Piano Workshop’

En mai 2015, quelques mois après sa sortie, Architecture était chroniqué dans nos colonnes avec la promesse que l’on s’intéresserait de près aux futures sorties du quatuor.

Ponctuellement mélancolique, Architecture était un disque plutôt pêchu. Les Belges avaient eu besoin de près de dix ans pour le réaliser et l’on ne peut que se réjouir qu’ils aient été cette fois plus rapides. Trois ans plus tard, leur second long-format prend finalement l’aspect de deux mini-albums regroupés sur un même support.

Les sept premières pistes répondent au nom de On The Eight Floor tandis que les sept suivantes sont intitulées At The Piano Workshop. Issus de deux sessions d’enregistrement différentes, ces deux mini-albums partagent à la fois des tonalités et une approches similaires que le groupe décrit de la manière suivante : il s’agissait d’ "enregistrer des titres sans basse ni batterie, de manière simple, sans un trop gros travail de post-production et fortement habités par les lieux où ils ont été enregistrés".

D’où la nécessité de séparer ces deux sessions d’enregistrement puisque On The Eighth Floor a été enregistré durant l’été 2013 dans le salon d’un appartement espagnol situé, comme le nom du disque l’indique, au huitième étage. De tonalité nécessairement différente, At The Piano Workshop date pour sa part du Printemps 2014 et les prises ont été effectuées dans un studio bruxellois.

Versant le moins mélancolique, On The Eighth Floor débute avec les arpèges délicats d’All That Was Real où la voix grave et mélancolique de Santiago Calvo Ramos lui permet de s’inscrire dans la plus pure tradition des groupes de pop belge exigeante. La gestion des breaks plus ou moins étirés est parfaite et permet, telle une pellicule photo, de passer à une autre tonalité tout en maintenant le lien avec la précédente.

Des réminiscences de Girls In Hawaii apparaissent de manière évidente sur Requiem For A Band dès lors que des éléments digressifs - mais jamais dissonants - à la candeur délibérée complètent en arrière-plan la mélodie principale. Celle-ci est assurée par les accords mineurs des guitares, les nappes synthétiques aériennes et quelques ruptures permettant à la voix d’exprimer toute sa mélancolie sur les morceaux suivants à commencer par Last Day Of The Warehouse et ce jusque l’apaisement final d’un Downriver lo-fi plus lumineux rappelant Syd Matters.

At The Piano Workshop se singularise d’emblée de son prédécesseur avec Une Saison Mauvaise dont le chant est assuré dans la langue de Molière. Le Déménagement s’inscrit dans une même veine plus mélancolique et ce bien que la démarche ne soit pas particulièrement différente de la première moitié de disque.

Plus grave et lo-fi, Eleven contraste légèrement avec des titres environnants plus épurés, à l’image de l’allégresse dépouillée de To The Flickering Lights ou ce First Day Of Spring qui rappellera les ballades de Radiohead époque The Bends.

Ralentissant le rythme - ce qui n’est pas illogique lorsque l’on s’affranchit de percussions - Otherdays propose donc un disque plus subtil quArchitecture dans un registre inattendu et prouve, en donnant deux teintes différentes à ces mini-allbums reposant sur des schémas pourtant proches, que le pari de s’inspirer des lieux d’enregistrement est réussi haut la main.


Streaming du jour - 01.06.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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