Le streaming du jour #1591 : Gimu - ’Gone Again, Haunted Again’
On avait eu la primeur l’an passé de ce mastodonte drone hanté, projet IRMxTP oblige puisque Gilmar Monte qui a d’ores et déjà joué le jeu de l’entretien lynchien nous a concocté un bijou de magnétisme fantasmagorique et ténébreux à paraître sur notre 14e volet dédié à la Loge Noire. Mais toujours en quête de label, Gone Again, Haunted Again avait dû patienter quelques mois dans les tiroirs du Brésilien, avant de tomber le mois dernier dans l’oreille affûtée de l’écurie ambient d’outre-Manche Aurora Borealis et finalement bénéficier d’un mastering et d’une sortie (cassette et digitale) à la hauteur de ces troublantes rêveries fantomatiques aux pulsations éparses, engourdies par les vents polaires (Beneath The Icy Shell) qui ne manquent pas de souffler sur ce genre de purgatoires désespérés.
Un album qui "s’inscrit dans cette veine à la fois majestueuse et vacillante, éthérée et massive, fragile et d’envergure presque mythologique qu’on préfère chez le Brésilien. Un drone sismique et hanté qu’avait l’habitude d’explorer Tim Hecker et que les déçus de ses deux derniers opus trop arty et prétentieux pour laisser la moindre place à ce genre de reflux de mélancolie angoissée, aimeraient sûrement retrouver ailleurs. Avec ses regrets d’un futur jamais concrétisé et balayé par les marées du temps, Gone Again, Haunted Again tout en radiations abrasives est donc ce parfait candidat à votre besoin de tourments texturés, album-Garmonbozia qui n’hésite pas convoquer des crépitements corrosifs parfois proches du harsh noise sur Mercy Is a Dead Word ou encore, sur In the Ether et de façon plus assourdie sur Posology, les réminiscences d’une ère industrielle aux martèlements désagrégés par les années."
Voilà ce que l’on écrivait l’an dernier à propos de ce disque, meilleur de son auteur ou pas loin, et si l’impression initiale se confirme amplement ici, l’effet est encore décuplé par le travail d’ingénieur du son de Dental Drill (du label anglais The Committee for Sonic Research, lequel publiait justement il y a quelques mois Dad was a Jovian bird ; All goes to darkness, and then..., dernier opus en date de Gimu dédié à son père décédé dix ans tout juste avant son enregistrement), dont la profondeur à la fois vaporeuse et détaillée donne plus que jamais à l’album des allures de galaxie en déclin. Grandeur et décadence : un parfait condensé de ce que nous évoque depuis une demi-douzaine d’années déjà la musique du stakhanoviste sud-américain, que l’on aimerait voir enfin reconnu à la hauteur de son talent.
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