Le streaming du jour #1693 : From the Mouth of the Sun - ’Hymn Binding’
S’attaquer à la chronique d’un disque de From the Mouth of the Sun, c’est prendre le risque de rendre une copie hors-sujet. Les arrangements du duo sont en effet tellement denses et viennent puiser si profond dans l’âme de l’auditeur qu’aucun mot ne saurait rendre grâce à cette ambition qui n’a pourtant d’égale que la tendance des musiciens à réprimer toute forme d’orgueil.
C’est donc presque malgré eux que Dag Rosenqvist et Aaron Martin font preuve d’une telle maîtrise. Cinq ans après Woven Tide, les stakhanovistes ont eu le temps d’ajouter quelques chapitres à leur discographie commune - Into The Well en 2015 et la BO de Menashe il y a quelques mois - sans égaler tout à fait ce chef-d’oeuvre.
Il serait vain de se positionner dans un débat concernant la partition majeure du duo. Toujours est-il que Hymn Binding constitue un enregistrement aussi délicat que stimulant et varié. Là où certains druides du classique ambient peinent à se renouveler, From the Mouth of the Sun convoque aussi bien des drones étirés soutenus par des granulations et quelques accords clairs au piano installant une résilience mélancolique (Grace) que de puissantes réminiscences de névroses extatiques traduites par les cordes désarmantes de A Breath to Retrieve Your Body ou l’alliage d’une ballade ambient cristalline où piano et cordes frottées (voire tirées) se répondent dans une osmose apaisante (The First To Forgive).
Sur Hymn Binding, l’ancien Jasper TX et l’auteur de la BO de Remember Me ont travaillé à partir de sources analogiques, ce que Dag Rosenqvist considère comme particulièrement stimulant puisque "quand tu les enregistres, tu ne sais jamais à quoi t’attendre et tu ne peux jamais le répéter dans des conditions similaires. Le bois de l’instrument varie selon la pression de l’air ou la température. Tu peux changer de position d’une prise à l’autre et tout cela fait que ça sonne différemment. Tu bouges le micro ou quoi que ce soit dans la pièce et tout sonne de manière légèrement différente. Les sources sonores acoustiques permettent un chaos qui fait partie du processus créatif, générant quelque chose que tu ne peux jamais contrôler totalement".
Violoncelle, guitares, piano, orgue et même banjo constituent les matières premières de l’Américain et du Suédois, lesquels les ont ensuite sublimées en studio avec la complicité de Taylor Deupree qui a assuré le mastering du disque. Point d’orgue de celui-ci, il est difficile de résister à la tentation d’évoquer Roads, dont les froides variations de cordes jaillissant entre deux tintements suivant un débit funeste rappellent le Silver Mt. Zion de la période He Has Left Us Alone. Défendu par l’excellent Lost Tribe Sound, Hymn Binding aurait également pu avoir sa place au sein du catalogue d’un label comme Erased Tapes tant ces fulgurances instrumentales à la croisée du néoclassique (The Last To Forgive) et d’un drone-ambient mâtiné de post-rock (Risen, Darkened) s’attaquent sans demander leur reste aux névroses de l’auditeur.
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