Depuis son hiatus de quinze ans entre 1995 et 2010, LPF12 se montre extrêmement prolifique si bien qu’il est difficile de suivre la totalité de ses productions. En ce sens, Differ constitue la cinquième sortie de l’Allemand en cette année 2017, et elle n’est pas la moins fameuse.

Dès janvier, Sascha Lemon avait enthousiasmé ses fidèles avec un Missiles plus resserré, renouant avec des compositions (relativement) plus concises. Surtout, comme il l’évoquait dans nos colonnes, l’Allemand s’autorisait à ajouter des éléments d’orientation classique, et affirmait vouloir creuser ce sillon à l’avenir.

Ce fut le cas sur Foreign Pulses, et la clarté du piano, comme sur Nachtfulg ou Define, peut se mêler aux expérimentations électroniques dont LPF12 est coutumier. Si quelques compositions font toujours écho aux premières amours virevoltantes de l’artiste, comme les syncopes et montagnes russes d’un Binary sur lequel un désert post-apocalyptique semble faire suite à un déluge de glitchs à tendance industrielle, un minimalisme d’une pureté insoupçonnée apparaît sur de nombreux titres, particulièrement aux deux tiers du disque (One Movement ou Valid).

Des drones stellaires apparaissent bien sur Mount, rappelant alors l’attrait de LPF12 pour les ambiances cosmiques. Toutefois, l’univers de Sascha Lemon évolue de plus en plus vers une ambient hantée par un sentiment de désolation permanent, à situer entre les univers de Miktek et de James Murray. Même après plus de quarante réalisations à son actif, l’Allemand parvient encore à se renouveler en explorant de nouveaux horizons, cette fois davantage ancrés dans le sol que tournés vers les astres.