Le streaming du jour #1702 : Valparaiso - ’Broken Homeland’

En 2008, les musiciens de Jack The Ripper annonçaient leur séparation. Un an plus tard, le noyau dur du groupe, dénué du chanteur Arnaud Mazurel, publiait We Hear Voices sous l’alias The Fitzcarraldo Sessions. Un album gracieux sur lequel de nombreux invités de renom posaient leur voix.

Rebelote huit ans plus tard. Hervé Mazurel, Adrien Rodrigue et Thierry Mazurel s’entourent de Matthieu Texier et l’excellent Thomas Belhom dont le Maritima demeure un disque de chevet pour former un nouveau "super-projet" baptisé cette fois Valparaiso.

Si seuls Dominique A, Rosemary Standley (Moriarty) et Phoebe Killdeer (Nouvelle Vague), parmi les invités du disque de The Fitzcarraldo Sessions, sont à nouveau de la partie, le casting reste de haute volée et répond à une même logique. En lieu et place des Stuart Staples ou Paul Carter (Flotation Toy Warning), ce sont donc Shannon Wright, Howe Gelb (Giant Sand), Marc Huyghens (Venus) ou Josh Haden (Spain) qui posent leurs voix sur Broken Homeland.

La liste des invités ne s’arrête toutefois pas là, et un titre tel que Valpariso peut s’appuyer sur les arrangements de John Parish et les cordes de Christine Ott, excusez du peu pour, guitare sèche et mélancolie digne, évoquer le meilleur de Calexico. Cette ambiance de western déglingué trouve son prolongement avec la voix rocailleuse de Howe Gelb sur un The Allure Of Della Rae au picking aventureux.

Si Stuart Staples n’est plus de la partie sur ce projet, le spectre de ses Tindersticks apparaît régulièrement. La subtilité d’un piano cristallin évanescent sur un Fireplace hésitant entre ballade apaisée et envolée affirmée précède ainsi l’électricité gracile et oscillante d’un Dear Darkness qui évoque à peu près tout ce qu’il y a de meilleur en matière d’indie délicate, des Tindersticks donc, à The Apartments en passant évidemment par les Belges de Venus, la voix de Marc Huyghens favorisant cette comparaison.

Tous ces invités appartiennent à une même nébuleuse, celle de musiciens engagés appréciant les expérimentations à cordes autant qu’un lyrisme pop, et Shannon Wright sublime Bury My Body de sa voix hantée et déboussolée avant de récidiver sur le duo The River avec John Parish, tandis que le spleen audacieux de Julia Lanoé (Mansfield TYA) maintient une pression constante sur Le Septième Jour et ses faux-airs de Julien Ribot.

Grâce à une identité sonore affirmée, entre ballades électriques et cordes chancelantes, Broken Homeland échappe à l’aspect décousu souvent inhérent à ces disques qui multiplient les chanteurs. La narration s’achève avec un Marées Hautes sur lequel Dominique A, loin de l’échec Eleor, apparaît au meilleur de sa forme au milieu d’une batterie métronomique et de cordes hantées. Assurément, ce disque devrait rapidement devenir un classique pour les amateurs de ces ambiances de dandy revendiquant un spleen évident.


Streaming du jour - 26.10.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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