Le streaming du jour #1734 : Dodie Manta - ’Bayou Dodie EP’
Après un Fragmented Memories épatant, Dodie Manta fait de nouveau confiance au label Leo & Pipo Music pour relayer ses productions. Les sept missives de l’EP Bayou Dodie sont autant de prolongements d’une identité musicale qui tend à s’affirmer.
Sur Fragmented Memories autant que sur son prédécesseur Mantaliptus, l’abstract libertaire de Dodie Manta surpassait les clivages et les barrières que bâtissent certains artistes. Si le beatmaker n’avait aucune raison de changer fondamentalement la formule pour les besoins de l’EP Bayou Dodie, il était pourtant évident qu’il n’effectuerait aucun surplace.
Vindicatif, cet EP se veut sans concession et a été inspiré par la Louisiane, où le rap sudiste a puisé ses racines. Si Dodie Manta se montre plus radical que sur ses travaux précédents, c’est qu’il ne cherche pas à étouffer l’expression de sa colère. De cette révolte intime jaillit une ambiance dystopique qui fait écho à la teinte sanguinaire qu’empruntent certaines pages de la presse quotidienne.
En exposant des ressentis qui revêtent un caractère indicible chez le commun des mortels, Dodie Manta manifeste néanmoins une dose de pudeur qui ne permet jamais de douter de l’authenticité de sa démarche. Les boucles délibérément austères du Bâton Rouge.la initial s’appuient sur des beats abrasifs pour mettre immédiatement l’auditeur dans le bain. L’ambiance n’est pas à la fête sur ce Bayou Dodie qui fait d’une forme de contestation sociale sa raison d’être.
Même l’atmosphère apparemment plus légère de Fromis Par Milliers n’est qu’un trompe-l’oeil et les synthétiseurs que l’on pourrait d’abord imaginer aériens décrivent finalement, au gré des répétitions, un labyrinthe à l’issue incertaine. Le piège se referme déjà.
A partir du quatrième titre intitulé Un Deux, Un Dos, une évolution apparaît dans la tonalité de l’EP. L’aspect cheap des synthétiseurs interpelle et l’on ne sait guère si cela vient traduire l’idée d’une rétrogradation (en forme de clin d’œil au rap sudiste des nineties) ou la quête d’un détachement nécessaire pour ne pas être absorbé par la violence de notre société.
Toujours est-il que les beats contondants (Co Faire De Ce Boug) suffisent à éviter l’émergence de toute forme de candeur. Dodie Manta amène l’auditeur à se poser des questions, quitte à ce que ce dernier se sente oppressé, et assène le coup final sur un What Is Worse Is Remaining In The Ground expérimental, labyrinthique et jouissif à souhait qui semble, en passant de l’abstract originel à l’utilisation de samples vocaux sur un minimalisme massif, avoir autant de vies que l’auteur a de cordes à son arc...
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