Au moment de publier son premier album chez Domino, Tirzah jouissait d’une solide réputation chez les amateurs de sonorités underground. L’artiste londonienne avait pris l’habitude de collaborer avec Micachu, séduisant d’ailleurs Deniz Öztürk, moitié de Fuji Kureta, qui en faisait part dans nos pages. Elle avait également été invitée à poser sa voix sur le titre Petals Have Fallen de DELS en 2014 et participé la même année au mi-figue mi-raisin Adrian Thaws de Tricky, s’offrant toutefois un duo habité et sulfureux avec le Kid de Bristol sur Sun Down.

Voilà pour les présentations. Et si ce premier album lorgne parfois de trop près sur une soul-pop flegmatique (Basic Need) ou se perd dans la dispensable utilisation de l’auto-tune (Guilty), la synthpop underground de la Britannique s’appuie sur une juxtaposition de couches sonores cotonneuses avec un soupçon de corrosion pour créer un univers enivrant au sein duquel les surprises ne sont jamais totalement absentes.

Tirzah ensorcelle son auditoire tout en utilisant quelques boîtes à rythmes étouffées sur Holding On et assume l’influence des scènes grime et dubstep sur Go Now, tout en effectuant quelques crochets vers une mélancolie portée par une rythmique binaire à l’occasion d’un Say When éthéré ou d’un Affection presque a capella.

Patchwork explorant diverses orientations musicales, allant des plus recommandables à quelques-unes plus dispensables, Devotion est, malgré ses imperfections, un album intéressant centré autour de la voix chaude, mélodieuse et envoûtante à la fois de son auteure, qui en assure la cohérence et lui confère ce petit supplément d’âme lui permettant de sortir du lot.