Actif depuis une vingtaine d’années dans une ambient nourrie à la musique contemporaine, on ne parle pas assez dans ces pages de Richard Skelton, musicien britannique aux multiples identités qui se lança dans la musique pour parvenir à adresser la tragédie du décès de son épouse. On n’avait pas forcément pris sa discographie du bon pied (cf. Landing, au néo-classique plaintif assez poussif et redondant), mais heureusement repris le train en marche avec le superbe Wolf Notes de son duo *AR aux élégies vocales aussi majestueuses que poignantes, sans pour autant tout explorer de ses divers projets depuis.

C’est encore ailleurs qu’évolue selenodesy (en référence à l’étude de la Lune et de ses caractéristiques topologiques ou physiques), quelque part à la croisée d’un drone très magnétique (albedo, fallback) voire rétrofuturiste aux entournures (faint ray systems et ses faux airs du soundtrack de Blade Runner) et d’une ambient mystique et très irradiée dont les contrastes harmoniques percent l’âme (the plot of lunar phases) pour mieux la guérir dans la foulée (isostasy). Nul besoin de trop en dire si ce n’est que le meilleur est encore à venir, notamment avec ce messer gravity d’une ampleur minérale absolument irrésistible qui évoque le meilleur d’Ekca Liena, Ben Chatwin ou même Chris Weeks, et qu’il nous faudra désormais rattraper les trois-quarts d’une discographie qui de Harlassen à The Inward Circles a continué de multiplier les alias ces dernières années pour mieux brouiller les pistes avec une inspiration que l’on ne soupçonnait qu’à moitié il y a 10 ans de cela.