Andrew Bird - Armchair Apocrypha
Certains oiseaux se cachent pour mourir, d’autres choisissent de prendre la tangente et d’explorer des contrées encore vierges là où l’air est plus pur. Andrew Bird fait partie de ses voyageurs de l’inconnu et Armchair Apocrypha est déjà son 7ème périple en forme de 7ème ciel pop.
1. Fiery Crash
2. Imitosis
3. Heretics
4. Dark Matter
5. Plasticities
6. Armchairs
7. Simple X
8. The Supine
9. Cataracts
10. Scythian Empires
11. Spare-Ohs
12. Yawny At The Apocalypse
Ça commence par des guitares nerveuses posées sur un clavier délicieusement new wave et une voix détachée et désabusée qui vient négligemment laisser traîner sa nonchalance. Il faut attendre la deuxième minute du morceau et ces sifflements pour reconnaître à qui l’on a affaire. Armchair Apocrypha est le nouvel album d’Andrew Bird dont les albums précédents laissaient déjà entrevoir les promesses les plus folles, celles d’un songwriter au sommet de son art qui peut se permettre toutes les audaces pour laisser s’échapper ses chansons libres et décomplexées sans se soucier des canons de la pop.
Composé en dehors de tout et loin de tout précepte établi, Armchair Apocrypha ne déçoit nullement en se plaçant directement dans la catégorie des grands disques impérissables, ceux qui résistent au temps et qui font perdurer des moments qui se voulaient trop éphémères. Avec ses pizzicato de violon qui tombent comme des gouttes de pluie sur des joues déjà humides, le deuxième morceau Imitosis (reprise transfigurée de I, déjà présent sur Weather Systems ) se pose en fil conducteur d’une discographie déjà parfaite qui aura su défier les lois de l’apesanteur en redonnant à la mélancolie cette légèreté qui lui était propre.
Il y a un désir d’évasion qui transpire de ces chansons à tiroirs, complexes et bien trop dissipées pour se laisser ranger dans des cases trop étriquées. Doté d’une voix sublime, Andrew Bird peut se permettre toutes les acrobaties vocales en équilibre précaire entre le lyrisme d’un Jeff Buckley et la sensualité de la soul comme sur les 7 minutes suspendues du sublime Armchairs.
En la personne de Martin Dosh, débauché du label Anticon, le songwriter américain s’est trouvé le compagnon de route parfait dont les rythmiques cotonneuses servent de cocon idéal à ses mélodies rêveuses (Simple X). Souvent sur Armchair Apocrypha on chante aussi à deux, la voix d’Andrew Bird étant doublée par celle de la chanteuse folk Haley Bonar, comme pour mieux éviter de donner un genre à ces chansons trop versatiles qui refusent de choisir entre la rugosité des guitares et la volupté des arrangements de cordes. Il se dégage de ces chansons verticales une irrésistible envie de quitter le sol, de tutoyer le vide quitte à donner le vertige, tant les horizons atteints ici semblent infinis.
Tout au long de ces 12 morceaux littéralement touchés par la grâce, l’américain fait jouer tous ses talents de multi-instrumentiste au service d’une pop raffinée à l’élégance rare que seul un Sufjan Stevens semble aujourd’hui encore capable d’approcher. A force de planer à de telles altitudes, si loin de ses contemporains, on se dit qu’Andrew Bird doit se sentir bien seul là haut, tout là haut…
Retard oblige, l’équipe d’IRM vous a condensé ici deux classements finalement complémentaires. D’un côté, un bilan 2012 dans lequel une partie de la rédaction, il faut bien l’avouer, a eu du mal à se reconnaître, au point de peiner plusieurs semaines à mettre un point final à cet article. De l’autre, un top de janvier résumant au contraire cette curiosité (...)
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