Arve Henriksen - Sanctuary

1. Rural life
2. Monad
3. The point of balance
4. The fundamental tone that connects us
5. Crucifixes and small statues
6. Perspective
7. Pavane pour une infante défunte

2023 - Arve Music

Sortie le : 3 février 2023

Le trompettiste de Supersilent dissout ses névroses dans l’éther

Si les dernières traces discographiques de ses groupes Supersilent (avec notamment Helge Sten aka Deathprod) et Punkt (en compagnie des passionnant Erik Honoré et Jan Bang coutumiers entre autres du label Jazzland) remontent à 2018 et 2014 respectivement, Arve Henriksen n’en demeure pas moins l’une des figures cultes les plus productives du jazz expérimental scandinave, en témoignait en 2022 les deux ex aequo en 27e place de mon bilan de fin d’année et même deux autres en embuscade, non moins réussis.

Cette année, si le temps m’a jusqu’ici manqué pour jeter une oreille aux disques collaboratifs lâchés par le trompettiste norvégien, Villfarande Barn et Lost in Space, dont les autres intervenants me sont inconnus, Sanctuary, première sortie solo depuis Murimorphosis en 2021 et publié via sa propre structure Arve Music, s’est rapidement imposé comme une franche et fascinante réussite dans cet ambient-jazz magnétique et transcendantal, entre méditation et malaise, que le musicien affectionne, son instrument utilisé avec langueur et parcimonie se fondant dans des harmonies évanescentes tantôt solaires ou inquiétantes, sur fond d’électronique discrète et de field recordings dépaysants.

Construit autour de deux pièces commissionnées par le festival des arts lumineux Fjord Oslo, le très changeant Monad cheminant de l’ombre à la lumière via une incursion presque industrielle et le plus bucolique Perspective zébré de chants d’oiseaux, ainsi que d’une troisième, The fundamental tone that connects us, destinée à la Foundation Lillehammer et sillonnant sur plus de 15 minutes le champ des possible d’un jazz électro-acoustique éthéré y compris avec des passages spoken word ou chantés, Sanctuary porte bien son titre et semble en effet vouloir recueillir les névroses de son auteur pour mieux les raffiner en poussières de songes.

À l’image de Rural life avec son affleurement de synthés hantés et autres portions atonales ou habitées de coeurs étranges, de The point of balance dont le lyrisme s’étoffe peu à peu ou d’un Crucifixes and small statues initialement menaçant et anxieux, la plupart des morceaux évoluent ainsi vers davantage de quiétude, jusqu’à cette reprise finale de Maurice Ravel, Pavane pour une infante défunte, havre de paix dont le restant de spleen s’efface peu à peu avant un océan de sérénité. Magnifique !


( RabbitInYourHeadlights )


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