Bien que d’une richesse d’inspiration légèrement inférieure à celle de son précédent opus A Point Too Far To Astronaut... sorti en 2004, ce nouvel album de Telephone Jim Jesus, échappé du trio Restiform Bodies, continue de surprendre en ouvrant cette fois ses instrumentaux entre abstract hip-hop et électronica à des manipulations acoustiques proches de l’ambient folk.

Pour le reste, toujours partagées entre fuites angoissées (A Mouth Of Fingers), cauchemars éveillés (Suicide Wings) et envolées cosmiques (Leather & Glue), voire même le plus souvent les trois à la fois (le fabuleux Did You Hear ? d’ouverture), les compositions atmosphériques, lyriques et schizophrènes de l’américain ne déméritent pas, épaulées en cela par les synthés et guitares éthérés d’Alias sur Birdstatic, les vocaux bidouillés de Doseone et Pedestrian sur fond de percus, drones et échos acoustiques d’Ugly Knees, le violoncelle électrique d’Alex Kort (Subtle) sur un Featherfall qui rappelle tout comme Hit By Numbers l’ambiance du film Blade Runner , le venin de Pedestrian tempéré cette fois par les refrains de Yoni Wolf (Why ?) sur le très dub Dice Raw, les textures sonores torturées d’Odd Nosdam sur un Faces All Melted qui fait la part belle aux vibrations acoustiques d’une guitare triturée, tandis que Bomarr (anciennement The Bomarr Monk au sein de Restiform Bodies et qui vient également de sortir un nouvel album), met lui aussi la main à la patte sur trois morceaux, à la musique ou au chant.

L’album se termine sur un long instrumental, plus de 8 minutes ballottées entre rêve et cauchemar, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement de cette perception déformée de la réalité qui semble plus que jamais hanter l’univers musical déconnecté de Telephone Jim Jesus.