Vic Chesnutt + Okkervil River - La Cigale (Paris)

le 13/11/2007

Vic Chesnutt + Okkervil River - La Cigale (Paris)

Devant la Cigale, le billet de concert dans la main, Okkervil River et Vic Chesnutt indiqués l’un à côté de l’autre, on ne sait à quoi s’attendre, à part que la soirée s’annonce alléchante ... A l’intérieur, les sièges sont installés en lieu et place de la fosse habituelle, ce qui est comme d’habitude dommage pour l’ambiance des concerts qui vont suivre.

C’est donc Okkervil River qui se charge de faire monter la tension, avec un Plus Ones en ouverture qui va aller crescendo avec une batterie largement mise en avant. La voix de Will Sheff, chanteur au lyrisme exalté, impressionne déjà. Mais là où l’on pouvait s’attendre à un concert propre et gentillet, après les prestations acoustiques précédentes de toute beauté, c’est en fait tout l’inverse. Il y a beau avoir des trompettes mariachis pour embellir le tout, le groupe sonne définitivement lo-fi et rebelle. L’intenable Will Sheff s’époumone et chante à la limite, toujours sur le fil du rasoir, préférant ainsi dévoiler avec sincérité ses sentiments par le seul timbre de sa voix. Ce soir, le folk dépressif des six membres d’Austin est semble-t’il loin derrière eux, c’est le côté rythmé et enjoué qui prend le dessus, avec des chansons aux mélodies imparables, chansons principalement issues du dernier album The Stage Names mais aussi du classique Black Sheep Boy qui les a fait connaître en France. Mais Okkervil River n’a tout de même pas oublié de gratifier le public de quelques complaintes mélancoliques (une reprise de Serge Gainsbourg) dont il a le secret. Avec une multitude d’instruments, le groupe a pu paraître bordélique et trop fougueux mais il a su également rester cohérent et surtout enthousiasmant. C’est ainsi que sur les derniers morceaux de cette heure de concert rapidement passée, un petit groupe de spectateurs s’en est donné à cœur joie en allant danser et chanter sur le bas de la scène. Le groupe les a évidemment remerciés. Tandis que la salle a évidemment applaudi la sortie du groupe.

Autre ambiance avec la venue de Vic Chesnutt sur scène. Sur son fauteuil, il est entouré et assisté des musiciens de A Silver Mount Zion figure de proue du label canadien Constellation, qu’il a rejoint récemment, et de Guy Picciotto, guitariste de Fugazi. Il s’agit des talentueux musiciens qui ont également participé à l’enregistrement de son dernier album North Star Deserter . Ils sont disposés en demi-cercle sur une scène sans grand décor. Les guitaristes sont assis, tandis que la violoniste et le contre-bassiste restent debout. Dés les premières notes et la voix de Vic Chesnutt, l’atmosphère devient sombre et pesante. Pourtant, on se laisse aller à écouter ce grand monsieur terriblement poignant et touchant, qui a aussi beaucoup d’humour. Sa voix est magistrale, son jeu de guitare acoustique simple et minimaliste et ses paroles souvent ironiques retiennent l’attention. On sent le terrible vécu derrière lui. Mais il ne faut surtout pas oublier les admirables envolées de guitares et violons qui l’accompagnent, même si les musiciens préfèrent rester discrets et respectueux sur scène. Les mélodies bruitistes sont renversantes et mélancoliques. Le son est vraiment parfait et les spectateurs parmi lesquels un bon nombre d’amateurs de post-rock se laissent facilement transporter. Le concert est principalement basé sur le dernier album de Vic Chesnutt qui même s’il est bien efficace et intense sur scène, ne me convainc toujours pas, il manque ce petit quelque chose de je ne sais pas quoi. Quoiqu’il en soit, le concert a été superbe et Vic Chesnutt a été ovationné à juste titre par deux fois et a livré un final seul sur scène.

Ainsi, voilà une des plus belles affiches de cette année qui a tenu ses promesses … Mais avec deux têtes d’affiche, elle a aussi logiquement partagé les spectateurs qui n’ont pas tous apprécié de la même façon chacune des prestations du soir, il est vrai différentes mais tout aussi réussies.


( darko )

 


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