Dan Deacon - Spiderman Of The Rings
Dan Deacon gagne à être connu. En effet, qui irait imaginer à sa touche d’ado attardé digne des pires clichés d’accros aux jeux vidéo, que le musicien de Baltimore vient tout simplement de réaliser l’un des albums les plus loufoques, vibrants et emballants de l’année ?
1. Woody Woodpecker
2. The Crystal Cat
3. Wham City
4. Big Milk
5. Okie Dokie
6. Trippy Green Skull
7. Snake Mistakes
8. Pink Batman
9. Jimmy Joe Roche
Membre actif du collectif et label de Baltimore Wham City, aux côté notamment des Videohippos, Blood Baby, Sand Cats, Ed Schrader, Ponytail, Santa Dads ou encore Ecstatic Sunshine (tous présents avec d’autres sur la dernière compilation Wham City intitulée The End, Part Two : The Beginning et téléchargeable gratuitement sur le site alternatif local citypaper.com), Dan Deacon fait comme eux partie de la scène "Future Shock" de Baltimore, caractérisée par un goût prononcé pour l’absurde doublée d’une passion parfois douteuse pour les performances "décalées".
Mais trêve de digressions et concentrons-nous plutôt sur l’univers musical du bonhomme, puisque l’objet de cet chronique, à savoir ce quatrième album studio sorti aux Etats-Unis le 8 mai dernier et uniquement disponible en import chez nous pour le moment, en est l’aboutissement éclatant.
Du sample de cartoon éponyme sur beats accélérés du Woody Woodpecker d’ouverture aux percussions cristallines de Big Milk, qui parvient à tracer un pont céleste entre le Vespertine de Björk et Tortoise période TNT, des choeurs déjantés de Okie Dokie aux drones en roue libre de Tippy Green Skull, des claviers cosmiques de Wham City, morceau-fleuve à la construction étonnante sur plus de 12 minutes et en deux parties, jusqu’aux bidouillages loufoques et autres vocaux traffiqués du délirant Snake Mistakes, de la surf music rétro-futuriste du formidable single The Crystal Cat au lyrisme minimal du Jimmy Roche final (du nom du vidéaste attitré du label Wham City) en passant par la guitare et le clavecin vibrants du très beau Pink Batman, Dan Deacon invente sur Spiderman Of The Rings la synth-pop psychédélique du XXième siècle, celle qu’auraient pu jouer Devo s’ils étaient nés après Animal Collective, celle qu’on attendrait d’un split album entre Hot Chip et Au Revoir Simone. Soit un grand tour de montagnes russes, où se mêlent la répétitivité obsessionnelle et la candeur enfantine d’un post-ado hanté, l’ampleur minimaliste et le sens de l’enphase d’un fou génial dont on n’a sans doute pas fini de parler.
En me penchant sur mes albums favoris de l’année écoulée, j’ai réalisé que les disques instrumentaux, rangés pour la plupart dans la case "expérimental" avec tout ce que cela peut comporter de réducteur et de rébarbatif (à tort) pour l’auditeur lambda, en constituaient une proportion encore plus écrasante qu’à l’accoutumée. Ainsi, seuls les deux premiers (...)
Ça démarre comme un album de Dan Deacon, une suite logique de Spiderman Of The Rings et Bromst avec ses boucles répétitives de percussions cristallines, de drums massifs, de claviers dadaïstes et de distorsions à gogo. Et puis, peu à peu, on réalise que sous les cavalcades électro-pop aussi ferventes et toquées que d’habitude de cet America mûrit (...)
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