Shearwater - La Maroquinerie (Paris)

le 12/09/2008

Shearwater - La Maroquinerie (Paris)

Si nous ne l’avions pas encore dit, il est temps de le faire. Shearwater est bien l’un des groupes les plus captivants de ces dernières années, à n’en pas douter. Il y a de plus en plus de personnes qui le savent mais à vrai dire pas autant qu’on le voudrait. La preuve en est, on a déjà vu la Maroquinerie bien plus comble que cela. Heureusement, la salle se remplira au fur et à mesure pour assister à une prestation de tout premier ordre de la part des Texans.

Dés les premières notes de On the Death of the Waters, les frissons parcourent l’assistance. Les sonorités stridentes d’un archet sur un curieux instrument métallique rempli d’eau ou une cymbale créent une atmosphère étrange et inquiétante avec une tension quasi palpable. La voix de Jonathan Meiburg est déjà superbe et impressionnante tandis que le moindre trait de son visage reflète les émotions délivrées par cette voix d’ange. C’est le genre de voix à la beauté presque irréelle comme il en existe très peu. Par exemple, aussi inattendu que cela puisse paraître, un morceau aussi calme que I was a Cloud se trouve être l’un des titres les plus forts et en tout cas l’un des plus profondément émouvants de ce concert, un morceau sublime semblant suspendre le temps et rappelant inexorablement un certain Mark Hollis leader de Talk Talk dont le chanteur est un inconditionnel.

Cependant, il ne faut pas oublier que le groupe sait jouer de manière électrique et énergique avec des envolées intenses et incroyables qui font que leurs concerts s’éloignent de cet univers folk auquel on veut les rattacher le plus souvent. Tout au plus, pourra-t-on utiliser ce terme pour l’utilisation de nombreux instruments traditionnels (banjo, tuba, vibraphone, xylophone et diverses percussions …) mais leur musique à la fois riche et expérimentale ne peut plus être appelée de la sorte, elle en est maintenant très éloignée. Ainsi, une chanson comme l’entraînante et jouissive Red Sea, Black Sea permet même à certains spectateurs de se lâcher et de montrer réellement leur plaisir en ce début de concert. Le groupe en sera tout surpris et appréciera ces élans de joie et de transe imprévisibles au rythme des coups du batteur au physique impressionnant. D’ailleurs les percussions et les rythmiques du groupe sont parfaitement mises au diapason de ces mélodies mouvantes et entraînantes, réussissant à transporter les spectateurs dans leurs ascensions et descentes irrésistibles. Entre un batteur capable de frapper en douceur un vibraphone ou de passer à la clarinette avec finesse, une contrebassiste-bassiste charmante et souriante, un guitariste-bassiste-claviériste impeccable, et un dernier musicien qui se charge des parties de cuivre au tuba ou des percussions, la cohésion du groupe autour de son leader timide et charismatique Jonathan Meiburg se cachant derrière un banjo, une guitare ou bien un clavier est remarquable. Chacun sait ce qu’il a à faire, changeant d’instruments régulièrement au cours d’un même morceau avec une belle maîtrise. La communion avec le public est réelle même si le groupe se montrera peu bavard préférant montrer sa joie avec de simples sourires qui en disent aussi long.

Evidemment ce soir, les deux derniers albums indispensables que sont Palo Santo et Rook étaient à l’honneur. La prestation était cohérente et les titres s’enchaînaient sans que l’on ait le temps de s’ennuyer avec notamment Rook qui s’impose déjà comme un classique ou The Snow Leopard qui pourrait faire de l’ombre au Pyramid Song de Radiohead. Finalement, les cinq membres du groupe pour remercier le public de cet accueil si chaleureux, reviendront sur scène jouer un dernier morceau à la demande d’un spectateur à l’oreille du batteur lors de leur sortie du dernier rappel. Le titre demandé était Johnny Viola qui se trouve être un des titres que le groupe n’avait plus joués depuis quelques années. Et pourtant, il s’agit d’un des meilleurs de Shearwater, ce sera donc un concert qui se termine sur une belle note pour une soirée qui n’en manquait pas.


( darko )

 


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