Aller simple pour Copenhague

Dans le grand paysage du petit monde de l’indie rock, le Danemark est trop souvent oublié et relégué au second plan derrière la proprette Suède ou la minuscule Islande, qui forte d’une population quinze fois moins élevée que dans le pays d’Andersen, peut quand même se targuer de posséder sur son sol des artistes tels que Sigur Rós, Björk, Múm ou encore Bang Gang.

Mais le plus méridional des pays scandinaves a quand-même un argument à faire pâlir tous ces voisins. La noble et passionnante ville de Copenhague, plus connue pour sa petite sirène que pour sa production musicale. Et pourtant, non contente d’être l’une des villes les plus attractives et les plus agréables de la planète, elle possède également une concentration d’évènements culturels sans équivalent. Loin de l’image sérieuse et austère qu’on lui a parfois attribuée, Copenhague est un ville fiévreuse, comprendre par là que l’alcool coule à flot, branchée, comprendre hors de prix, résistante aux modes et décontractée, elle abrite en son sein le plus grand quartier hippie du monde, parfois très bobo, Christiannia. La plus belle ville du monde.

En parcourant la grande rue du Storget, principale artère piétonne de la capitale danoise, et ses rues adjacentes, du Quartier Latin, où la population étudiante se retrouve, à la nouvelle Place Royale où se situe le célèbre quai de Nihavn, ce ne sont pas les pubs, où nombre de groupes indie locaux se produisent ou les disquaires passionnés et passionnants qui manquent.

Surtout ne me croyez pas émissaire de l’office du tourisme de cette belle ville et je sais bien qu’une visite touristique de la coolest city in the world comme l’indique le hall de l’hôtel de ville, ne vous intéresse pas, ou du moins ce n’est pas la raison de votre présence ici. Il y a quelques noms passionnants et plus ou moins connus qui vous permettrons de situer l’agglomération sur la carte musicale. On ne parle pas ici des prétentieux, mais délicieux, Raveonettes pourtant originaires de la région mais exilés depuis bien longtemps à Los Angeles, ville dont ils chantèrent les mérites sur un Ode to L.A. parfait ( Pretty in Black , 2005). Pour rester dans les mêmes ondes vaporeuses, on leur préfèrera les incroyables Under Byen, emmenés par la ravissante Henriette Sennenvaldt, qui ferait de l’ombre à de nombreuses mannequins anorexiques et à une certaine Sharin Foo, chanteuse des... Raveonettes ! Et si on aimerait bien comprendre le jeu de mots danois, et pour le coup très restreint, qui se cache derrière le titre de leur dernier album, le fabuleux Samme Stof Som Stof (2006), on n’en a nullement besoin pour comprendre la musique de ces jeunes gens un peu trop doués. Hautement cinématique, en noir et blanc bien sûr, perdue dans la brume et dans la neige qui s’abat chaque hiver dans leur froid pays.

Et pourtant, leur musique n’est nullement représentative de cette ville chaleureuse et cosmopolite qu’est Copenhague et du caractère de ces autochtones auxquels ces adjectifs s’appliquent parfaitement. Pour cela on choisira les fabuleux Figurines, pur produit de cette ville étonnante. Révélé, enfin c’est un bien grand mot, chez nous par leur dernier opus, le jouissif When the Deer Wore Blue, leur musique est parfaite, quelque part entre Pavement et Mew, autre grande gloire locale. Pour rester dans le même registre il suffit de changer de pays et passer en Suède, séparée de Copenhague par un détroit que l’on passe à l’aide d’un tunnel sous-marin et d’un pont aussi cher qu’imposant d’une dizaine de kilomètres. Arrivé à Lund, à quelques kilomètres à l’intérieur des terres, on tombe sur la plus grande ville universitaire de Suède. 30.000 étudiants pour à peine deux fois plus d’habitants. Et son intérêt ne réside pas dans sa cathédrale gothique, par ailleurs très jolie bien que je sois plus calé en rock indé qu’en architecture du XVe, ou sa grande rue piétonne mais dans sa vie universitaire qui a notamment produit l’une des plus belles révélations de l’année, les hystériques Envelopes, sorte de Pixies scandinave des années 2000. Here Comes the Wind, et sa pochette de peintre flamand, pouvant facilement prétendre à la place de disque le plus médiatisé de l’année dans nos colonnes.

Figurines - The Air We Breathe


Ville aérée, où le vélo est roi, et au moins aussi hétérogène que les différents groupes qui gravitent dans son orbite, Copenhague propose une palette de concerts digne des plus grandes capitales mondiales. Leonard Cohen, Mogwai, The Last Shadow Puppets, Okkervil River, Xiu Xiu, The Streets, Of Montreal ou Calexico, le tout avant la fin du mois, avouez qu’il y a de quoi faire saliver ! Mais la capitale joue sur tous les tableaux à commencer par celui de... l’art, et de la pop donc, qui font bon ménage et se transforment en pop-art, au musée Louisiana où sont exposées des œuvres des deux maîtres du genre, Lichtenstein et bien sûr Warhol. Le cinéma également, le Danemark étant le pays du grand Lars von Trier et l’architecture, la ville étant un bijou dans ce domaine, alliant de manière incroyable tradition et modernité.

Pour que mon opération de propagande soit totale, une dernière chose, lorsque vous vous y rendrez, pensez à sélectionner l’option one-way ticket. Vous déménagez quand ?

Pour finir, je vous laisse en cadeau avec les talentueux Spleen United et leur My Tribe pour n’oublier personne ou presque.


Blog - 10.10.2008 par Casablancas