Saul Williams invente le slam d’outre-tombe

Vous qui lisez Indie Rock Mag le savez tout aussi bien que nous, Grand Corps Malade a peut-être inventé le comique involontaire à béquille mais sûrement pas le slam, et s’il fallait remonter aux sources de cette forme de poésie de rue au tournant des années 60/70 on citerait volontiers les Last Poets ou plus encore le grand Gil Scott-Heron, qui en plus d’être l’un des pionniers des fusions soul/jazz/funk n’en finit plus d’influencer les rappeurs de tous horizons.

Et c’est justement pour parler de l’un d’entre eux, qui contribua à populariser le slam par le biais d’un film du même nom sorti il y a 11 ans déjà, que l’on se permet cette petite introduction. Car bien qu’en retard de quelques semaines on s’en serait voulu de passer sous silence le dernier projet expérimental de l’excellent Saul Williams. NGH WHT - The Dead Emcee Scrolls with The Arditti Quartet est comme son nom l’indique la mise en musique de son recueil de poésie The Dead Emcee Scrolls : The Lost Teachings of Hip-Hop paru en 2006. Le compositeur suisse Thomas Kessler, créateur visionnaire dans les années 60 du Berlin Electronic Beat Studio, signe cette pièce dissonante et menaçante de 26 minutes pour quatuor à cordes découpée en 33 mouvements, interprétée par The Arditti String Quartet au fil de la lecture de Williams qui se permet également une ou deux incursions rappées. Une oeuvre aussi radicale que la précédente The Inevitable Rise And Liberation Of NiggyTardust ! (qui devrait bénéficier d’une suite à l’initiative de Trent Reznor aussitôt enregistré le nouvel opus en solo du rappeur, présenté par son auteur comme "une réflexion complète sur [ses] sentiments concernant les Etats-Unis en ces temps de profonde transformation") et qui permet à Saul Williams désormais basé à Los Angeles d’expérimenter une variante de la distribution à prix choisi dont avait tiré profit ce dernier album en date. En effet, l’auditeur peut commencer par télécharger gratuitement sur son site officiel les chapitres 18 à 22 du EP, et se procurer ensuite pour 6 dollars l’ensemble de l’oeuvre s’il a apprécié ces quelques extraits qui précisons-le ne correspondent qu’à 5 minutes d’un ensemble trop indissociable pour qu’on puisse réellement en goûter la puissance à partir d’un si court aperçu.

Alors, idée révolutionnaire ou bide annoncé lorsque l’on sait que le disque s’est retrouvé leaké sur internet le jour même de sa sortie ? Il faudra patienter quelques semaines encore pour avoir la réponse, mais en attendant voici en bonus, totalement gratuit celui-là, le mp3 de The Government (clic droit et on enregistre), chanson offerte au téléchargement par le rappeur le jour de l’investiture de Barack Obama : un hommage plutôt opaque et quelque peu ambivalent au nouveau président américain que Williams et sa femme ont soutenu sans relâche durant sa campagne ; une façon de dire en tout cas que cette élection n’est qu’un demi-victoire, et que la vraie bataille, finalement, ne fait que commencer...

Et au passage si vous êtes amateur et à proximité de Paris, ne manquez surtout pas le concert que donnera l’américain en compagnie d’Anthony Joseph & The Spasm Band à la Maison des Arts de Créteil (place Salvador Allende) le 13 février dans le cadre du festival Sonsdhiver, ce show-là pourrait bien réveiller les morts...

Myspace : www.myspace.com/saulwilliams

News - 04.02.2009 par RabbitInYourHeadlights
 


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