Cheval Sombre - s/t

Cheval Sombre se meut dans les eaux troubles du psychédélisme à la recherche de rivages folk accueillants. Son premier disque intrigue autant qu’il impressionne.

1. It’s A Shame
2. Little Bit Of Heaven
3. Troubled Mind
4. Julie Don’t Go Down
5. I Get Around
6. I Found It Not So
7. I Sleep
8. Hyacinth House
9. The World Is Wrong
10. I’ve Been All Around This World
11. The Strangest Thought I Never Had

date de sortie : 28-04-2009 Label : Double Feature Records

Avant toute chose, peut-être est-il nécessaire d’en dire un peu plus sur son auteur et sur la genèse de ce disque atypique. Toutefois, en dire un peu plus s’avère difficile puisque l’on sait peu de choses de Cheval Sombre, entité musicale derrière laquelle se cache le très discret Christopher Porpora, poète et new-yorkais jusqu’au bout des ribosomes, qui commence à écrire et enregistrer des chansons dans son appartement-studio sur l’Hudson River au début des années 2000.
On en sait un peu plus en revanche sur la genèse de ce premier album éponyme : ces enregistrements initiaux et solitaires sont envoyés à Peter Kember aka Sonic Boom (Spacemen 3, Spectrum), les premières sessions d’enregistrement débutent en 2006 à Jersey City puis s’étalent et s’étoilent sur les deux années suivantes entre New York et Rugby en Angleterre. 2008 voit la sortie coup sur coup des premières traces discographiques du bonhomme, d’abord Little Bit Of Heaven / It’s A Shame, au mois de juillet, petite pièce folk pour guitares et ordinateur, suivi du terriblement squelettique I Sleep au mois d’octobre et enfin de l’à peine plus charnu I Found It Not So / Where Did Our Love Go en novembre. On l’aura compris, la genèse de cet album fut longue et cela explique sans doute en partie l’atmosphère si particulière qui le parcourt. Une atmosphère un peu hors du temps. Car la musique de Cheval Sombre aime la lenteur et la lenteur, en retour, lui sied parfaitement. Chaque morceau prend le temps de se dévoiler majestueusement, à tel point que l’on a d’ailleurs parfois l’impression qu’ils sont bien plus longs que leur durée réelle et pourtant, à leur écoute, on ne s’ennuie jamais. Ecouter Cheval Sombre, c’est goûter aux plaisirs du sommeil paradoxal - ce moment étonnant où le corps paraît totalement détendu et les muscles relâchés alors qu’en même temps, l’activité cérébrale est très intense - mais éveillé.

La présence de Sonic Boom à la production, l’intervention de Dean Wareham et Britta Philipps (Luna, Dean & Britta) sur quelques morceaux, ce même Dean Wareham qui sort ce disque sur le label qu’il vient tout juste de créer, Double Feature Records : tout cela apporte encore quelques indices. Car on retrouve dans cet album des réminiscences de Luna, de Galaxy 500 et bien sûr aussi de Spacemen 3, voire de Low également. Voilà donc pour la famille musicale de Cheval Sombre : les enfants psychédéliques, cramés et en transe, du Velvet Underground. Car s’il est beaucoup question de transe dans cet album, elle n’est pourtant pas construite sur la répétition des mêmes motifs encore et encore. Il s’agit d’une transe toute particulière, tranquille et mélancolique, portée par un écho caractéristique que l’on retrouve sur tous les morceaux et que l’on imputera à la production brillante de Sonic Boom, qui fait des merveilles dans la multitude de bruits divers et de sons qu’il apporte à chacun d’eux. Ainsi, I Found It Not So, chanson fragile et très douce, pleine d’émotion et de mélancolie dont la production fourmille de détails tels ces petits bips électroniques et microscopiques flottant au-dessus des guitares. Ainsi It’s A Shame, morceau introductif aux boucles obsédantes. Et l’on pourrait comme ça égrener le détail de chaque morceau car si le disque mêle drone (dans son approche du son), folk et psychédélisme, il s’agit d’un psychédélisme de peu d’effets, à l’instrumentation chiche mais qui fourmille d’idées.

On ne s’étonnera pas alors de retrouver dans le tracklisting une reprise presque murmurée, méconnaissable par son tempo ralenti à l’extrême, du Hyacinth House des Doors, mais également les trois singles originels exceptées quelques faces B, sortis à l’époque au compte-goutte et depuis devenus parfaitement introuvables, puis des compositions nouvelles et deux chansons traditionnelles réarrangées par Cheval Sombre, Troubled Mind et I’ve Been All Around This World.

Disque éponyme, premier et plein d’aplomb, à la personnalité forte, disque folk et psychédélique, disque tour à tour sombre et lumineux, disque-sérotonine, disque-harem aux bruits exotiques. Cheval Sombre intrigue donc. Cheval Sombre ensorcelle également. Cheval Sombre, enfin, impressionne.

La page Myspace de Cheval Sombre.

Chroniques - 15.05.2009 par leoluce
 


Cheval Sombre bientôt en pleine lumière !

Que sait-on de Cheval Sombre ? On sait qu’il s’agit du projet musical du poète new-yorkais Christopher Porpora (auteur de deux recueils parus en 2004 et 2005, In Mine Eyes et Becoming). On sait aussi que Cheval Sombre a publié trois EP époustouflants durant l’année 2008 ( It’s A Shame et I Found It Not So / Where Did Our Love Go chez Static (...)