Redjetson - Other Arms

Chant du cygne transformé en claque phénoménale, Other Arms pourrait bien ne pas seulement enterrer Redjetson mais le rock à guitares tout entier.

1. Soldiers And Dinosaurs
2. Beta Blocker
3. For Those Who Died Dancing
4. Questions I Don’t Want To Ask
5. Count These Demons
6. Witches At The Controls
7. First Of The 47.000
8. (g)Listen
9. Threnody
10. These Structures

date de sortie : 18-05-2009 Label : Gizeh Records

Révélé chez nous en même temps qu’iLiKETRAiNS, on sait désormais que c’est Redjetson qui vieillira le mieux, malgré ou à cause du split c’est comme on veut mais forcément un sans-faute discographique ça aide un peu, même limité à deux opus seulement.

Other Arms fait en effet office d’album posthume pour le quintette londonien qui s’était révélé au public indé en intégrant sur le prometteur New General Catalogue en 2005 les guitares atmosphériques du post-rock à un format chanson sous-tendu par une dynamique post-punk tout droit héritée de Joy Division, formation à laquelle on avait beaucoup comparé Redjetson à l’époque, le bluffant mimétisme vocal de Clive Kentish aidant.

Etait-ce du post-rock, de la noisy-pop ?... faute d’étiquetage probant l’album n’avait néanmoins su générer l’enthousiasme que d’un nombre restreint d’auditeurs devenus depuis adeptes fervents du groupe. Et ce fut bientôt la déconvenue, annonce de séparation suite à la capitulation de l’un des trois guitaristes Daniel Hills à l’été 2008 parti se consacrer à son projet Friendship, incertitude quant à la parution d’un deuxième et dernier album attendu avec fébrilité comme le râle d’un cygne mourant après la déception engendrée en 2007 par le double single The Unravelling / Racing In The Mire, tenté par la pesanteur du métal et la grandiloquence du prog... avouons-le, nous-mêmes qui soutenions déjà le groupe à la sortie de son premier opus en France début 2006 sur le label Talitres, on ne donnait plus cher du résultat.

Une seule écoute devrait pourtant suffire à balayer ces quelques doute : et si Other Arms , futur classique absolu du rock à guitares, imposait finalement et malheureusement trop tard la singularité d’une formation capable de mêler une approche pop de la mélodie, une subtilité de composition digne du Mogwai de la grande époque, des constructions flirtant avec le math-rock et une énergie fiévreuse emportant tout sur son passage ?

Accentuant la dynamique d’une musique plus post-punk que jamais, un jeu de batterie explosif et des guitares en écho nettement plus tourbillonnantes (shoegaze ?) que post-rock cette fois font ainsi bon ménage avec les percussions cristallines (Beta Blocker), claviers cosmiques, coeurs - assurés notamment par Dave Martin (iLiKETRAiNS), Gordon Moakes (Bloc Party) et Dave Pen (Archive) - et cuivres solennels (For Those Who Died Dancing, beau à couper le souffle) ou autres arrangements de cordes aussi parcimonieux que poignants (cf. g(Listen), qui dans un monde parfait aurait pu succéder au Vapour Trail de Ride comme bannière de ralliement aux amateurs de noisy-pop lyrique sans être facile pour autant), répondant à une finesse d’écriture sans commune mesure avec celle de l’album précédent qui culmine non pas sur les accalmies mais sur les pics de tension, et ce dès le formidable titre d’ouverture Soldiers And Dinosaurs.

Ici les morceaux ne s’emboîtent pas seulement mais se répondent et jouent du contrepied avec brio, balayant sans cesse les certitudes de l’auditeur au long d’un ensemble toujours gargantuesque ( Other Arms dure près d’une heure tout de même) et savamment pensé mais bien plus électrique, épique et débridé qu’un New General Catalogue relégué à l’état de simple brouillon par telle débauche de puissance visionnaire.


Witches At The Controls, interprété au Notting Hill Arts Club de Londres le 12 juillet 2008 : image inexistante et son moyen, mais on ne pouvait résister à l’envie de vous présenter cet unique témoignage de ce qui restera le dernier concert donné par le groupe.

D’une apocalypse avortée (For Those Who Died Dancing), le voyage débute dans l’inquiétude (Questions I Don’t Want To Ask) et les visions obsédantes des tourments évités (Count These Demons), passant par la contemplation d’un paysage dévasté (First Of The 47.000, instrumental ambient à coller le frisson) à bord d’un train antique (Witches At The Control) qui fait naître l’espoir (gListen) mais devra attendre la reconstruction de la voie pour continuer (Threnody, lutte désespérée pour garder courage) et finalement terminer sa route sur l’acceptation tragique d’un avenir incertain avec le majestueux These Structures, symbole à lui seul de la fin d’un groupe qui en tutoyant l’Olympe aura peut-être bien changé la face du rock sans le savoir, au risque de se brûler les ailes.


Redjetson sur myspace : www.myspace.com/redjetson

A découvrir d’urgence, Twilight, le projet solo rêveur et particulièrement prometteur du guitariste Ian Jarrold, entre électro entêtante, guitares ambiantes et post-rock synthétique.

Chroniques - 18.05.2009 par RabbitInYourHeadlights
 


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