Colonies - Thirty Thousand

Du rock, des jolies sonorités, une belle cohérence... Rien d’exceptionnel mais au moins voilà un album qui fait immensément plaisir à écouter.

1. Fairer Words
2. Las Islas Maldivas
3. Morning
4. Silence & The Stain
5. The Calendar’s Song
6. Floating Fast
7. House Of
8. Last Chance
9. La Madrugada Viene Ya
10. Reservations
11. These Southern Skies
12. Silvery Sea
13. The Ones Who Managed To Win

date de sortie : 18-12-2009 Label : Autoproduction

Je ne sais pas pour vous, et ce n’est certainement pas le cas, mais ces derniers mois m’avaient coupé net toute envie d’écrire quoi que ce soit, perdu entre débats stériles et agressions de toute sorte dès qu’on donnait son avis sur tel ou tel disque, pire encore, le spectre du manque d’intérêt se profilant derrière chaque nouvelle. Et puis il y a aussi les blasés dont on a peur de faire partie, ceux qui n’aiment plus rien et qui recherchent on ne sait quoi. Et les projets ne me passionnant absolument pas, moi qui ai une sainte horreur de classer les choses. Oh, ce n’étaient pourtant pas les bonnes galettes qui avaient manqué, seulement le manque d’envie de les faire partager, un peu comme si on restait bloqué avec ses propres coups de cœur...

Et là, allez-vous dire, il découvrit un disque, celui dont il va nous parler, qui le fit sortir de sa stupeur...

Ha mais non. Pas du tout.

Ce Thirty Thousand , bon disque s’il en est, m’a simplement fait réagir. Je l’ai vu classé en shoegazing (genre qui, si il a l’avantage de donner un indice sur la teneur de l’opus, je le rappelle, n’existe pas), il a fait echo à l’excellente chronique d’indie sur Gliss, et je me suis dit que là, on mélangeait tout. Alors que le disque précité est très bon mais sonne un peu trop plagiaire pour être honnête, cet album sonne beaucoup trop américain pour être classé dans les nimbes de la noisy-pop. Tout au plus pourra-t-on le ranger aux côtés de Citizens here and abroad, Division Day, voire Mew pour les plus audacieux. C’est à dire quelque part entre deux eaux, aux confins de plusieurs genres, sans en avoir l’air.

Le combo de Seattle nous offre là un album de pop glacée et mélodique, avec quelques pointes de bruit, mais si légères et bien senties qu’on ne saurait y voir un mur du son quelconque. La rythmique est souvent frénétique, les voix sont jolies, quelques bois ou cuivres s’invitent ça et là, comme sur le morceau d’ouverture, Fairer Winds, qui donne parfaitement bien le ton.

On est vraiment en terrain familier. Et pourtant il y a quelque chose dans ces guitares cristallines à la Clientele, dans ces quelques fulgurances rock et ces petits sons issus de l’ambient, comme l’ouverture de Floating Fast ou l’instrumental House Of, au milieu des jolies mélodies qui fait tendre l’oreille plus que de coutume. Le talent, tout simplement. Chaque morceau est finement ciselé, remarquablement construit, et les influences / ressemblances sont subtiles (Cold War Kids sur Silence & The Stain, par exemple). Certains titres en espagnol comme La Madrugada Viene Ya apportent quant à eux une petite touche d’originalité.

Au final, rien de transcendant mais un sacré bon disque, qui donne, et ça devient certainement rare avec la masse invraisemblable et abusive de productions qui nous tombent dessus ces temps-ci, envie de le réécouter plusieurs fois. Et c’est justement comme cela qu’on apprécie un disque. Pas à la première écoute, ni même aux cinq ou six suivantes. Certains disques vous ont à l’usure. En ces temps de consommation frénétique et superficielle et de jugements hâtifs, tranchés et précipités, il serait bon de s’en souvenir.

PS : L’album est d’ores et déjà disponible à cette adresse. La sortie physique est prévue le 18 décembre 2009. Juste le jour de mon anniversaire. C’est-y pas merveilleux ?

Chroniques - 24.11.2009 par lloyd_cf