Owen Pallett - Heartland
Plus connu sous le nom de Final Fantasy, c’est sous son patronyme natal que cette jeune pousse canadienne nous revient pour un troisième album qui appelle à la consécration.
1. Midnight Directives
2. Keep the Dog Quiet
3. Mount Alpentine
4. Red Sun No. 5
5. Lewis Takes Action
6. The Great Elsewhere
7. Oh Heartland, Up Yours !
8. Lewis Takes Off His Shirt
9. Flare Gun
10. E Is For Estranged
11. Tryst With Mephistopheles
12. What Do You Think Will Happen Now ?
Contraint par le distributeur japonais du célèbre jeu vidéo à abandonner un pseudonyme qui ne lui avait de toute façon apporté que bien peu de notoriété, cet homme de l’ombre, tour à tour violoniste de la très prestigieuse formation Arcade Fire ou collaborateur occasionnel des presque autant renommés Beirut et Grizzly Bear, entend bien cette fois-ci se mettre un peu plus en lumière.
Si tous ces noms auront sûrement tendance à en faire saliver plus d’un, c’est malgré tout de l’autre côté des Grands lacs américains que le dorénavant nommé Owen Pallett trouvera matière à comparaison, et plus précisément à Chicago, ville résidentielle de Andrew Bird. Et de points communs avec l’oiseau sifflotant on en trouvera plus d’un : côté chant tout d’abord, légèrement précieux mais surtout empreint d’un lyrisme fort et saisissant. Côté instrumentation également, peu adeptes des guitares, ces deux gaillards aiment faire parler les cordes et le font avec une vivacité toute particulière. Et côté scène pour couronner le tout, jonglant en solitaire avec leurs pédales loop, c’est à de véritables performances que se livrent chacun des deux orfèvres devant leur public.
Mais là ou l’américain se contente de son savoir-faire acoustique, le canadien lui entre dans une démarche plus expérimentale et convie quelques ingrédients synthétiques à se mêler à la fête.
Car nous sommes en 2010 ne l’oublions pas, et des formations comme Animal Collective ont déjà marqué de leur empreinte la décennie passée. Conséquence directe ou non, ce nouvel opus du violoniste se trouve marqué par l’arrivée d’une freak folk qui apporte dynamisme et modernité aux compositions et s’intègre parfaitement à son répertoire originel. Ce constat frappe tout d’abord sur l’inaugural et tourbillonnant Midnight Directives tout comme sur la pièce maîtresse de ce Heartland, j’ai nommé The Great Elsewhere, morceau de bravoure insaisissable doté d’arrangements qui rappelleront à certains les récents travaux d’Hauschka avec Ferndorf. Un peu plus loin Lewis Takes Off His Shirt viendra nous convaincre définitivement du bien-fondé de cette nouvelle orientation dans un cocktail mélodieux qui nous enfonce un peu plus encore en terre illinoise en faisant planer l’ombre de Sufjan Stevens au-dessus de nos tête.
L’Amérique vous donne des étoiles plein les yeux ? Laissez-moi donc évoquer Keep the Dog Quiet dont les envolées lyriques se retrouvent hachées menues et assaisonnées à la manière du récent album des compatriotes de The Long Lost sorti l’année passée, ou la très orchestrée comédie musico-dramatique Flare Gun à l’accent de Zach Condon.
Owen Pallett étonne également dans divers registres chantés, qu’il soit porté par la légèreté d’un piano sur E Is For Estranged qui va chercher son émotion tout là-haut dans les aigus, ou dans la délicatesse d’un Oh Heartland, Up Yours ! avec une tonalité cette fois-ci très fidèle à Andrew Bird.
Du haut de ses 28 ans, notre blondinet au physique d’acteur de cinéma affine son identité, s’éloignant chaque jour un peu plus de ses premiers coups d’éclat et parvenant à réunir dans une seule et même œuvre suffisamment de créations riches, variées et complémentaires pour s’inscrire parfaitement dans cette décennie naissante et en devenir d’ores et déjà un incontournable.
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