White Hinterland - Kairos

Mieux que le speed dating, White Hinterland ou comment tomber amoureux de Casey Dienel en deux rendez-vous d’une quarantaine de minutes chacun.

1. Icarus
2. Moon Jam
3. No Logic Voir la vidéo White Hinterland - No Logic
4. Begin Again
5. Bow & Arrow
6. Amsterdam
7. Thunderbird
8. Cataract
9. Huron
10. Magnolias

date de sortie : 08-03-2010 Label : Dead Oceans

Comment parler de l’étonnant Kairos sans revenir au préalable sur le précédent Phylactery Factory, qui m’avait à l’époque encouragé à écrire quelques mots et qui méritait pourtant qu’on s’y attarde nettement plus en longueur. Car entre-temps la somptuosité des arrangements et les textes portés haut par la délicieuse voix de Casey Dienel (aka White Hinterland) avaient mariné pour en faire une œuvre référence dans le genre. Et si au jour de la sortie de Kairos, on se rappelle au bon souvenir de son prédécesseur, c’est que de textes, on n’en trouvera qu’un strict minimum, et que les pianos, cuivres et autres instruments empruntés au jazz qui magnifiaient les anciens morceaux ont, quant à eux, été rangés au placard.
En échange il faudra se contenter, que dis-je, se délecter d’une œuvre électro pop avec aux manettes Shawn Creeden qui se révèle expert en l’art d’élaborer une sorte de dubstep ambiant que l’on n’aurait jamais soupçonné servir un jour de toile de fond aux prouesses vocales de la jeune américaine. Un virage radical et osé donc, qui donne naissance à un miraculeux univers pratiquement jamais entendu où les arrangements se nourrissent de réverbérations et entrechocs en tous genres. Casey Dienel use de sa voix comme d’un instrument et la pousse dans ses derniers retranchements, travaillant davantage dans l’envolée vocale que dans la tenue d’un quelconque propos et parvenant par là même à habiller intégralement chacune des chansons de ce nouvel opus.

S’offrent alors à nous trois types de plaisirs quasi-inédits qui s’animent en parfaite cohérence et font de ce Kairos un album intelligemment construit. Le premier d’entre eux nait des ambiances mécaniques qui rappellent parfois les extravagances sonores de l’usine de Dancer in the Dark (vous avez dit Björk ?) et que l’on rencontre notamment sur Moon Jam, Thunderbird et surtout Amsterdam. Le deuxième prend sa source dans les rythmiques et percussions tribales presque africanisantes de No Logic ou Bow & Arrow qui voient Casey Dienel revêtir le costume d’incantatrice des temps modernes. Le troisième, et non des moindres nous parvient de cette conclusion en trois temps, probablement le plus bel enchaînement croisé depuis des lustres, où prennent place des compositions en plus long format, un peu plus de cinq minutes chacune, et qui justifieraient à elles seules l’achat de ce disque. Prenons Cataract avec son intro qui rappelle le Massive Attack d’autrefois et sa ligne de basse pratiquement empruntée au désormais célèbre Nude de Radiohead, le reste n’étant qu’envoûtement vocal et riffs de guitare exotique, sobre et diablement efficace à la fois. Vient ensuite Huron, avec sa multitude de subtiles percussions bondissantes et ce chant trituré et enlevé qui vient se perdre encore et encore dans le lointain (vous n’auriez pas à nouveau dit Björk ?). Et enfin, changement de registre avec ce Magnolias final, qui, par de délicates notes de guitares et des hausses d’intensité successives, porte une mélodie enchanteresse jusqu’à nous laisser sur le carreau, presque achevés par la beauté du bestiau.

Passer d’une formation de neuf musiciens à vocation acoustique, à un travail de duo en territoire synthétique est chose peu courante. Le faire, avec à la clé deux réalisations d’exception, est une prouesse encore plus incroyable et révélatrice du diamant brut qu’est cette Casey Dienel. A seulement 24 ans, la voici à la tête d’un album si insolent de talent qu’il réclame attention et obstinance avant de dévoiler toute sa beauté. Aussi peu évident d’accès soit ce Kairos, tout est mis en œuvre pour nous laisser succomber : un accueil plus souple et chaleureux, qui vous caresse dans le sens du poil, comme pour les préparer à être hérissés par la suite, avec cet Icarus introductif. Une production au rendez-vous et à la hauteur de ces atmosphères immersives qui vous envahissent et vous entourent de tout leur relief. Et des mélodies peu banales et donc si personnelles qui participent à l’attachement progressif que l’on peut éprouver envers cet album. Assurément l’une des plus grosses sensations de ce début d’année !


Myspace : http://www.myspace.com/whitehinterland

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