PolarSun : à fond dans les bagnoles
C’était sans aucune appréhension, voire en territoire conquis qu’on pensait aborder le troisième album de PolarSun. Sauf qu’on avait oublié ô combien The Magic Of Crashing Lights était réussi, sauf qu’on n’avait pas imaginé que quatre années sépareraient ifuthinkitisitisnot de son prédécesseur, et que par la même occasion Polarsun reviendrait les bras chargés de nouveautés. Décryptage avec le groupe de ce nouveau joyau pop-rock.
Peter Pan’s Lullaby
Premier morceau, premier joyau. Du PolarSun pur jus, introduit tout en pop et en douceur avant que ne se réveillent les jeunes démons de Weezer période bleue et affiliée.
Que de temps passé depuis The Magic Of Crashing Lights... Comment vont les PolarSun ? Vous pouvez nous rappeler les forces en présence ?
Ça va plutôt pas mal, merci. On est ravi que cet album sorte enfin et on est content du résultat en plus, ce qui est rare ! Mais ça n’empêche pas de plancher déjà sur de nouveaux titres qu’on espère sortir dans moins de 4 ans. Sinon PolarSun c’est toujours 5 personnes : Laurie, Sarah, JC, JP et enfin Orel’ qui a remplacé Xavier à la batterie.
Rocky Disco
Et puisqu’il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud, le groupe nous assène un titre qui en a sous la godasse. Qui du public ou de PolarSun était le plus impatient, on se le demande, mais clairement ça valait le coup d’attendre avec un titre empreint de délivrance.
C’est parce que vous ne sortez des albums que les années paires et que ça n’a pas été possible en 2008 qu’il nous a fallu attendre 2010 cette fois ?
Effectivement on n’a pas pu sortir d’album en 2008 car à l’époque on a changé de batteur juste avant les sessions d’enregistrement. Il a donc fallu en recruter un nouveau et reprendre le travail des morceaux qui étaient pour la plupart déjà tous prêts à l’époque. Ça a d’ailleurs été assez vite puisque le début de l’enregistrement date d’avril 2009. Une succession d’évènements a fait que nous n’avons pu finir l’enregistrement qu’en janvier 2010. Cela aura été l’album le plus long à enregistrer. Heureusement, pendant les pauses forcées on pouvait commencer à avancer sur le mix, sans quoi on y serait encore...
Jumble Mind
On les croirait presque en roue libre à peine arrivé au troisième titre. La formation est cool au possible, les titres s’enchaînent plus efficaces les uns que les autres, de l’orfèvrerie pop rock innée en veux-tu en voilà.
Alors, alors, ce nouvel opus, on doit s’attendre à quoi ? Vous avez durci le ton, vous vous êtes épris de nouvelles passions ?
C’est un album dans la continuité des deux précédents. On affine un peu l’écriture et ça devient plus efficace. Les morceaux les plus rock sont un peu mieux réussis qu’auparavant, du moins il nous semble. Mais on reste globalement dans la même veine pop rock qu’on affectionne, même si on s’amuse à faire deux trois trucs un peu plus "originaux".
Welcome To The Bubble Underground
Alors ça, c’est la surprise et bel et bien le genre de morceau qui me donne envie de lustrer mes chaussures et d’aller faire danser les filles. Une vraie réussite.
Quelle merveille, vous jouez dans la cour des Housemartins, qui a eu cette idée et pourquoi ?
JP : C’est moi qui ai composé cette "chanson Friends" (sourire). La grille d’accords est venue comme ça, sans trop chercher, ça coulait sous les doigts. Je voulais faire un morceau très sixties dans l’esprit, donc j’ai travaillé les autres parties (clavier, basse) dans cette optique. JC a apporté sa touche de guitare. Ensuite ça a été un boulot en groupe, pour couper de-ci de-là afin d’arriver à la forme finale. Il y a eu pas mal de boulot en groupe pour arriver à un résultat satisfaisant. Pour le pont, j’avais en tête des trompettes, mais le son du clavier donnait un petit coté Octopus’s Garden du meilleur effet. Vu que la mélodie était assez joyeuse et faisait assez "fête foraine", j’ai cherché à faire un texte plutôt enfantin, très simple et ouvert sur l’imaginaire. J’ai donc parlé de ma fille (sourire). Paradoxalement, l’enregistrement a été plutôt simple. Et au mix on a accentué le côté sixties en faisant sonner le truc à la Beatles qui découvrent la stéréo : basse et guitare électrique complètement à gauche, batterie complètement à droite, et le reste qui se balade un peu partout, avec pas mal de chœurs. Ça rend plutôt pas mal je trouve.
Experiencing Ground Attraction From A Space Capsule
En voilà un intermède qui nous laisse bouche bée ... c’est court mais pas trop, ça laisse en suspens mais pas trop, c’est fait avec l’art et la manière.
Entre Dragon Ball Z et les Apples In Stereo, cet interlude a scotché plus d’une personne à notre rédaction. C’est quoi le secret de ce morceau ?
JP : Ben c’est un truc enregistré en 10 minutes, tout seul chez moi, pour tester les sons de mellotron que j’avais dans mon ordi... j’ai honte tellement c’est banal. Pour la rythmique, je cherchais un truc pas trop linéaire, un peu comme le morceau The Aeroplane Flies High des Smashing Pumpkins. Le résultat n’a rien à voir avec ce morceau, mais c’était l’idée, quoi. C’est un morceau ultra basique : une guitare acoustique, une batterie métronome, un bon gros son de basse synthétique un peu Moog, et deux lignes de mellotron en canon. On utilisait cet instru depuis un moment comme morceau d’ouverture des concerts, le temps qu’on s’installe. Il a donc naturellement atterri sur l’album, et la voix a été ajoutée au dernier moment. Ça évoque un peu les instrus obligatoires des albums de Blur, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le côté Apples In Stereo est pas faux, y a des instrus un peu dans cette veine sur New Magnetic Wonder. Je pense qu’ils ont les mêmes banques de sons de mellotron que nous (sourire).
Future Has Been Sold
“That’s not enough” qu’il disait dans la chanson. Je suis tout à fait d’accord avec ça, car à l’écoute de Future Has Been Sold autant vous le dire tout de suite, on se prend vite à rêver que PolarSun nous en sorte à la pelle des titres de cette trempe : entre tension même pas lo-fi et courant porteur électrique (ça va de soi), le groupe nous dévoile une nouvelle facette de ses nombreux talents avec une basse (comme tout au long de ce nouvel opus) qui s’impose plus que jamais.
Et ce n’est pas là où tout bascule ? Ça sonne différent, plus mûr, plus désabusé ... ou moins insouciant, plus mélancolique (on s’y est mis à plusieurs, je colle les sentiments de chacun). L’album n’aurait-il pas été pensé comme un bon vieux vinyle deux faces ?
On doit cette chanson à la ténacité de Laurie. JC avait la ligne de guitare qui lui trottait dans la tête depuis un moment et il ne voulait pas s’y mettre. Laurie l’a poussé à bosser dessus sur son 4 pistes, et à un moment il nous a présenté le truc d’un bloc. C’était plié. On n’a quasiment pas changé une note de la démo. Laurie a aussi écrit le texte car le côté un peu désabusé et moins insouciant de la musique lui parlait.
Le séquençage des trois albums de PolarSun est conçu ainsi en fait. Il y a toujours un titre de césure : Alice dans le premier, December 30th dans le second... Faire des disques relativement courts pour ne pas ennuyer l’auditeur. Mais maintenant que tu le dis, quand on fait un peu gaffe aux paroles, la première partie est plutôt gaie, la seconde beaucoup moins même si la musique reste globalement poppy.
Sepia
C’est la pause, douce et généreuse
En plus de la musique, on apprécie aussi grandement le travail de Jean-Philippe (artwork de The Magic Of Crashing Lights, site officiel du groupe ...). C’est encore toi qui a pris en charge le design des covers & co. C’était quoi l’objectif, les idées de départ ?
JP : Pour cet album, on a confié la réalisation des photos à un vrai photographe, Vincent Gautier (vincent-photo.com). On avait eu d’autres idées de photos, mais elles n’ont pas pu être réalisées. Cela dit, la photo de couverture nous plaît vraiment beaucoup, l’ironie étant qu’on l’a faite à l’arrache en fin de séance. Vincent a aussi fait tous les portraits individuels qu’on retrouve au dos du CD. Je me suis ensuite occupé de la mise en forme. Contrairement au précédent qui avait donné lieu à des guerres de tranchées pour arriver à un résultat satisfaisant pour tous, là ça a été assez vite. Pour le concept, c’était de refaire un peu une pochette d’inspiration rétro avec titres devant, photo de groupe... Tu remarqueras un certain clin d’œil vers une pochette mythique, mais il y a aussi d’autres citations plus ou moins planquées.
Surfers Suffer In Furs
Pause toujours, délicieuse comme l’était la pop des William Pears de From A Chocolate Box ou de Elephant In China Shop, mais bon retournons à nos Français encore en activité.
Et tant qu’à rester sur le contenant, le titre a son histoire ou c’est top secret ?
Ahhh le titre.... ça doit être la 2569ème proposition de titre. La guerre de tranchées a eu lieu sur ce point pour cet album. Le titre définitif a été lancé par désespoir, presque en private joke, car à chaque fois qu’on pensait tenir le bon, ben c’était pas ça... If you think it is... it is not (sourire).
Release
Retour aux affaires moins légères, peut-être d’ailleurs l’occasion de remarquer les nappes de synthés discrètes mais efficaces, qui donneraient presque un côté un peu sci-fi à certains de ces nouveaux morceaux.
Peut-on rêver un jour voir un clip autour de l’un de vos morceaux, des idées, des propositions ont déjà été faites ?
JP : J’aurais bien une ou deux idées de clip, mais on passe déjà tellement de temps à se mettre d’accord sur la musique et on est tellement long à la prise de décision que ça prendrait des mois avant de se réaliser concrètement... (rire).
Soldier F
Et voilà, du coup tout le monde est fâché et ça bastonne à nouveau dans le clan PolarSun. Bon dieu, y’a pas à tourner autour du pot, cet album est d’une vigueur étonnante.
Vous travaillez pour la partie digitale avec le netlabel Pop Only Knows et pour la distribution physique c’est du fait maison. Vous avez abandonné l’idée de signer avec un "vrai" label ?
Non, pas vraiment. La vérité est que l’on n’a jamais vraiment cherché. L’idéal serait de trouver un label "physique" avec à sa tête des personnes aussi motivées et passionnées par la chose pop qu’Alex de Pop Only Knows, mais vu de loin, on n’a pas l’impression que ça intéresse grand monde.
Victoria Falls
Et c’est déjà la fin. Fait rare, tout PolarSun posera sa voix sur ce titre qui nous rend nostalgique depuis fin 2007 et notre (ndlr : fameux) Fresh & French Tour.
Par contre, côté enregistrement c’est comme à chaque fois, surprenant de qualité et de sonorité. Un garage (normal pour PolarSun) et un barbu (Lou), c’est donc ça la recette ?
L’élément déterminant a été Lou pour la qualité de l’enregistrement oui, parce que le garage n’est pas vraiment un lieu adapté à la bonne prise de son (sourire). Sans compter qu’il nous a laissé du matos d’enregistrement pour qu’on puisse faire les prises additionnelles dans de bonnes conditions. Enregistrer à la maison a ses inconvénients, c’est indéniable (pas de lieu adapté, acoustique moyenne), mais cela permet d’avoir une chose que l’on n’a jamais en studio, surtout à notre niveau : du temps ! Temps pour enregistrer, temps pour mixer. Mais c’est aussi le fait qu’on s’est entouré à toutes les étapes, que ce soit Erik Darcy (qui avait participé au mix du 1er album notamment) pour le mix ou Miguel "Aeryal" Samiez (aeryal.com) pour le master. On les remercie vraiment chaleureusement car le résultat final leur est dû en grande partie.
Et à la question posée dans le morceau caché, on y répond franco : OUI, c’est mieux. Enfin à réécouter les précédents albums, un peu différent tout de même, tout ce qu’on espère c’est que celui-ci vieillisse aussi bien, il est là le challenge. En attendant ce ifuthinkitisitisnot est une claque, immédiate avec comme vous le disiez des morceaux "rock" plus réussis que jamais, quelques nouveautés plus que bien senties et le côté pop qui nous brosse dans le sens du poil.
Oui, à la rédaction indierockmag, on continue à penser que le groupe a grandi et pas qu’un peu. Certains continueront bien à s’étonner que des groupes de votre trempe, à l’envergure pas internationale pour un sou, soient capables de livrer des albums surpassant bien des productions qui font le tour du monde. Et pourtant c’est bien ça toute la magie indie pop rock, le meilleur pouvant provenir d’une auto-production à faire pâlir les plus exigeants. Vous pouvez être fiers et nous heureux d’écouter ça à fond dans nos bagnoles.
Versions CD et Digitale disponibles sur : poponlyknows.com
Interviews - 26.05.2010 par
, ,Polarsun - Rocky Disco
Découvert au détour d’un deuxième opus The Magic Of Crashing Lights doublement chroniqué dans nos pages et marqué par le genre de références power-pop qu’on aime, des Boo Radleys au collectif Elephant 6 en passant par Ash, PolarSun nous enchantait fin 2007 en révélant via notre Fresh & French Tour une véritable petite merveille de pop acoustique (...)
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