Alors qu’on croule sous les bilans annuels qui fleurissent de toutes parts, apparaissent déjà les premiers regrets, suscités par ces albums découverts un peu tard et qui avaient tout pour rivaliser avec ceux qui nous ont accompagnés tout au long de l’année. Le troisième album d’Heligoland est de ceux-là. On était pourtant bien placé en France pour croiser la route à temps de ceux qui, en 2007, ont quitté leur Australie natale pour venir s’installer à Paris et se concentrer sur l’enregistrement du merveilleux All Your Ships Are White en compagnie de Robin Guthrie des Cocteau Twins. Un support de taille côté production et mixage qui a probablement largement contribué à l’obtention de cette atmosphère saisissante qui s’installe dès l’entame d’album et se maintient sans coup férir tout au long des huit titres qui s’offrent à nous. Naviguant dans des eaux où tournoient des courants dream pop et shoegaze, la voix aérienne et quelque peu asexuée de Karen Vogt vient se poser sur des nappes de guitares cotonneuses, emboîte le pas de rythmiques douces et régulières et nous ensorcelle à chaque instant. Si tout semble coulé dans le même moule et s’écoute parfaitement d’une traite, cela explique probablement pourquoi les franco-australiens ont choisi de ne pas s’étendre davantage. Car c’est un peu le danger qui guette ces formations trouvant une recette savoureuse et qui l’exploitent d’un bout à l’autre. En l’état, Heligoland semble donc avoir trouvé le juste équilibre pour nous captiver, nous embarquer dans une sorte de rêve éveillé et nous renvoyer à la réalité avant que le charme ait eu le temps de s’estomper. All Your Ships Are White est à conseiller aussi bien aux adorateurs de formations reconnues comme Mazzy Star qu’à ceux qui auront succombé cette année au disque plus confidentiel mais tout aussi recommandable de Palpitation.

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