Le streaming du jour #181 : Matthew Herbert - ’One Pig’
Dix ans tout juste après The Mechanics Of Destruction où il fustigeait, en tant que Radio Boy, la société de consommation et ses profiteurs ultra-mondialistes en samplant des menus MacDo fracassés au marteau et autres vêtements Gap sauvagement déchirés, Matthew Herbert délaisse l’inspiration plus pop ou jazzy de ses derniers opus pour nous livrer sa version techno du calvaire d’un cochon... eh oui.
"On peut avoir la conscience tranquille après avoir occis un agneau ou un veau, mais jamais un cochon. Chaque soir, quand apparaît sur la soupe épaisse la couenne du lard, c’est comme si le cochon de l’année venait vous parler de sa gentillesse", écrivait Pierre Magnan. Une célébration en creux de l’humanité de notre cousin biologique qui prend tout son sens à l’écoute de cette allégorie de la vaine existence d’une bête d’élevage, de sa naissance dans une ferme à son arrivée dans l’assiette du consommateur lambda en passant par la batterie d’engraissement, le tragique abattage (mais sans pathos s’il vous plaît, on est pas sur TF1) et enfin les cuisines aux mêmes allures indus de travail à la chaîne.
Certains vivront ça comme un simple album d’ambient-techno parsemé de "gruik ! gruik !", d’autres comme une véritable expérience de narration bruitiste et d’identification, émaillée de moments aussi dérangeants que le retrait du petit à sa mère ou la simple délectation des clients d’un restaurant devenue par la force des choses profondément malsaine. On pourra même y voir, pourquoi pas, une métaphore de nos propres trajectoires sociales de plus en plus uniformisées voire déshumanisées, mais force est d’avouer dans un cas comme dans l’autre qu’on est loin de la cochonnerie écolo-hippie que le pitch pouvait laisser craindre. Merci donc à The Drone pour cette avant-première, et à Matthew Herbert d’avoir eu le courage de prendre sa guitare acoustique pour nous susurrer en fin de parcours tel un coryphée devenu troubadour la morale de cette triste histoire : rien ne vaut une vie simple.
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Peeling Flesh - The G Code
- KHΛOMΛИ - X.e.K
- Colin Stetson - The love it took to leave you
- Upupayāma - Mount Elephant
- Sarah Davachi - The Head As Form'd In The Crier's Choir
- Paradise Cinema - returning, dream
- NEXCYIA - Exodus
- Zimoun - Dust Resonance
- Casual - Fights Over Egypt
- Nilufer Yanya - My Method Actor
- E L U C I D - REVELATOR
- Fabien Maksymowycz (Batard Tronique) : « Je suis un perfectionniste très imparfait »
- IRM Expr6ss #4 - Brycon, Spice Programmers, icbm, The Koreatown Oddity, Rose Noir, Lo_Eye
- IRM Expr6ss #7 - Innocent But Guilty & NLC, Second Seasons, Anatoly Grinberg & Andreas Davids, LPF12, Bancal & Coppergear
- Jim Noir - Jimmy’s Show 2