Thavius Beck : "Sombre mais plein d’espoir"

Multipliant les projets, égrenant ses morceaux sur la toile de-ci de-là au fil des mois, l’actualité de Thavius Beck demeure particulièrement riche alors que l’on attend toujours le successeur de Dialogue depuis 2009, ce qui peut sembler un brin paradoxal. Qu’en pense le principal intéressé ? Approche dialogique par mails interposés...

Il aura fallu pas moins de cinq mois pour que les réponses arrivent alors que l’on ne s’y attendait plus… Mais bon, voilà, Thavius Beck est un artiste du genre occupé ! Non content d’être l’auteur de trois albums aussi sombres que fondamentaux, d’être impliqué dans un nombre conséquent de projets dont le seul point commun, outre leur excellence, pourrait bien être la patte du bonhomme, ce son à la fois futuriste et sombre qui rend la moindre de ses productions immédiatement reconnaissable, le voici devenu professeur pour les cours en ligne de l’école Dubspot où il enseigne l’utilisation du séquenceur à boucles Ableton Live. Ceci expliquant cela.

Une interview où Thavius Beck, finalement, se livre peu, la faute sans doute aux nombreuses relances devenues fatigantes au fil du temps qui s’allongeait et s’allongeait encore. Mais peut-être aussi parce qu’en définitive, une part non négligeable de l’œuvre d’art se situe dans la tête de celui qui la reçoit. Et peut-être avais-je un peu trop intellectualisé les choses en espérant que tous les choix de Thavius Beck, rendant sa musique pour moi si magnifique, étaient conscients : mais non, force est de constater qu’une grande part de ce qu’il faudra bien se résoudre à appeler le processus créatif demeure souterraine et cachée, invisible à la fois pour l’artiste et l’auditeur. Aussi, sur ses muses et sur ses ombres, il ne dira pas grand chose.

D’un autre côté, pouvait-il en être autrement ? Quand on met sa vie dans sa musique, rendant celle-ci si sincère, et que chaque morceau représente une véritable mise à nu, finalement, il ne reste plus qu’à écouter, toutes les réponses se trouvant là. À quoi bon interroger le processus quand il suffit d’observer le résultat. Et puis, à bien y regarder, finalement, Thavius Beck ne nous dit pas autre chose. Mais nous livre en plus l’essentiel sur une multitude d’autres sujets : son nouvel album à paraître, ses influences, son parcours, le devenir de son duo Labwaste qu’il forme avec son frère spirituel Subtitle dont on attend avec grande impatience le successeur du séminal et impressionnant Zwarte Achtegrond paru en 2005. Le tout dessinant en filigrane et au fil des réponses la silhouette en creux d’un artiste singulier et donc essentiel dans le paysage actuel des musiques urbaines.

Mais assez disserté, place aux rires venant ponctuer les réponses sans artifices de Thavius Beck.

- I.R.M. : Peux-tu présenter ta musique et te présenter toi en quelques mots ?

Thavius Beck : Bien sûr… Mon nom est Thavius Beck et je suis un musicien électronique et un geek auto-proclamé… ahah ! Je suis aussi un formateur certifié d’Ableton Live et j’enseigne dans une école de DJ et de Production Musicale appelée Dubspot.
La musique que je fais est un peu difficile à décrire pour moi… Je pense que je commence à évoluer vers un son plus mature et nuancé (un tant soit peu), mais la plupart des personnes qui connaissent ma musique diraient probablement qu’elle est lourde, sombre, mélodique, rythmée et parfois complètement folle.

- Comment en es-tu venu à faire de la musique ?

Je suis tombé dans la musique très tôt… Je pense que j’ai eu mon premier petit clavier à l’âge de cinq ans… Rien d’exceptionnel mais j’ai eu un pupitre et un livre avec des chansons simples, donc j’ai commencé à comprendre certaines choses sur la façon de lire la musique… Puis à l’école, j’ai joué de l’alto et du saxophone ténor, puis repris la basse, et peu après j’ai eu la chance de participer à un camp artistique dans lequel il y avait un studio de musique avec des samplers et des séquenceurs (j’avais douze ans) et ça a été mes débuts en tant que beatmaker…

- Ton parcours est déjà riche, membre de Global Phlowtation puis en solo sous l’alias d’Adlib que tu abandonnes ensuite pour Thavius Beck mais ce qui marque l’ensemble de tes productions, c’est l’aspect extrêmement noir, subtil et sensible de ta musique. Quelles sont tes muses ?

Mes muses ? Euh, la weed ? Ahah ! Non, je tire l’inspiration de tout ce qui m’entoure… Les gens qui ne me connaissent pas ne réalisent pas que je suis une personne très émotive… Flirter avec la dépression toute ta vie adulte peut te rendre comme ça… Ahah ! Mais je mets tout ça dans ma musique. Je peux écouter quelque chose que j’ai fait et savoir comment j’étais au moment où je l’ai fait rien qu’en écoutant comment ça sonne… C’est un reflet authentique de mon état à ce moment particulier… Comme une image mais en même temps, c’est complètement différent… Ahah !

-  The Most Beautiful Ugly, ton nouvel album à paraître, sera cette fois intégralement instrumental. Dialogue en revanche était marqué par le grand retour de ta voix, de ton flow absents de Decomposition et Thru. Pourquoi ne pas renouveler l’expérience ?

Franchement, rapper n’a pas été ma priorité pendant une dizaine d’années. Il faut beaucoup pour que j’ai envie d’écrire un rap, et quand j’ai fait Dialogue, je n’essayais pas de simplement rapper mais de faire quelque chose qui était plus d’actualité et qui avait plus de sens pour moi à ce moment… Je voulais faire un album complètement instrumental mais des gens attendaient de moi que je rappe pour un show complet alors que je n’avais aucun désir de le faire. Quoiqu’il en soit, j’ai fait un nouvel album de rap, pour un projet parallèle appelé Crimson Tint qui est entièrement produit par Kool Trasher avec des beats additionnels de Debmaster… C’est un album complètement différent de Dialogue Donc, pour les gens qui veulent m’écouter rapper, il y aura encore d’autres occasions… Ne vous attendez simplement pas à ce que je fasse un show pour lequel je rapperais 90 minutes durant… Ahah ! Je suis et je reste avant tout un producteur et un musicien…

- C’est vrai que ta voix était légèrement mixée en-dessous sur Dialogue, ne l’assumes-tu pas même si, d’un autre côté, il en résulte un maelström sonore très bien ficelé qui ajoute au pouvoir d’évocation déjà important de ta musique ?

Je n’ai pas mixé Dialogue. J’en resterai là.

- Outre la grande mélancolie de ta musique, l’autre aspect frappant, c’est les sons électroniques qui la rendent presque futuriste. D’où te vient cette importante coloration synthétique ? Tu vis d’ailleurs à Los Angeles dont irradient depuis quelques années les beats cosmiques des Flying Lotus, Take et autres Teebs... On sait que tu as notamment participé aux soirées Low End Theory organisées par Daddy Kev, patron du label Alpha Pup. Quel rapport entretiens-tu avec cette scène "glitch-hop" ?

« Glitch-Hop » ? Je ne sais tout simplement pas ce que cela veut dire… Il y a tellement d’étiquettes et de sous-genres que ça en devient ridicule.
Je connais Kevin Moo (plus connu sous le pseudonyme de Daddy Kev) depuis 13 ans et il était censé sortir mon premier album officiel sur son ancien label Celestial en 1999. Je connais Steve (Flying Lotus) parce qu’il ma vu jouer un jour au Low End et m’a demandé si je pouvais lui donner une leçon d’Ableton Live et je lui ai montré quelques configurations. Take et moi avons des relations communes avec certaines compagnies alors nous jouons ensemble ici et là… Mais pour être honnête, je suis quand même légèrement plus vieux que la plupart des producteurs populaires à L.A. (je pense que Kev me bats de quelques années… Ahah !)… Je connais ces mecs depuis leurs débuts pour la plupart. Jason (Nosaj Thing) a ouvert pour moi au Low End lors de l’un de ses tout premiers shows à l’époque où il travaillait encore chez M-Audio. Je ne fais pas vraiment partie de cette scène… Je faisais déjà des choses dans mon coin quand c’est devenu une scène.
Quoi qu’il en soit, mon goût pour les sons futuristes vient majoritairement de mon amour de la technologie et du fait que j’ai grandi au son du rock progressif et du jazz/fusion… La musique des 70s’ et le hip-hop de la fin des 80s’ sont mes principales sources d’inspiration.

-  The Most Beautiful Ugly est précédé de quatre EPs offerts en libre téléchargement, un toutes les six semaines environ, une série intitulée Amber Embers et que tu décris comme plus dansante. Est-elle annonciatrice d’un album lui-même plus dansant ? Et cela signifie-t-il que tes fantômes se sont calmés ou que Dialogue s’est révélé être une catharsis efficace ?

Amber Embers était supposé être une série d’EPs offerts au téléchargement, mais ça a soudainement changé pour tout un tas de raisons que je ne maîtrise pas… Ahah ! Quoi qu’il en soit, l’album est complètement différent de cette série… Le matériel d’ Amber Embers est relativement vieux et le nouvel album est une vision claire de ce vers quoi mon son va se diriger à l’avenir… Quant à surmonter les démons, je ne pense pas qu’il s’agisse de ça mais plutôt du fait de croire que chaque album devrait être différent et démontrer une sorte de développement ou de nouvelle dimension de ton personnage... Sinon, tu refais juste la même merde, encore et encore.

- Peux-tu nous en dire plus sur ton nouvel album ? Se rapprochera-t-il de Decomposition, de Thru ou de Dialogue ou sera-t-il encore une fois complètement différent de ces trois-là ? Y aura-t-il des collaborations ? Des invités ? Et sais-tu quand il va sortir ?

Je ne pense pas qu’il sonne comme l’un de ces albums en fait... C’est mon dernier ouvrage, et après tout ce que j’ai enseigné, voyagé et la vie que j’ai vécue entre ces albums et maintenant, j’ai beaucoup grandi, et je pense que ce nouvel album est un reflet de cela. C’est un peu difficile pour moi de le décrire, mais ce que je peux dire c’est que c’est probablement le disque le moins sombre que j’ai fait... C’est sombre, mais plein d’espoir... J’espère qu’il sortira au cours l’été 2012... C’est tout ce que je peux vraiment dire pour le moment...

- Outre la préparation de la sortie de ton album solo, on te retrouve également impliqué dans pas mal de collaborations en ce moment : avec Blackbird au sein de Black Electro, puis également avec Perseph One, deux emcee pour qui tu te charges de la production (où l’on reconnaît d’ailleurs immédiatement ta patte même si les deux projets sont bien différents). En revanche, c’est l’inverse avec Kool Trashers, là, c’est lui qui produit. D’ailleurs tu collabores autant avec des artistes européens qu’américains. Peux-tu nous en dire plus sur ces collaborations, vont-elles toutes aboutir à un album et comment choisis-tu ceux avec qui tu collabores ? A moins que ce ne soit eux qui te choisissent ? Comment les as-tu rencontrés ?

C’est drôle parce que beaucoup de choses ont changé depuis que tu as écrit cette question... J’étais alors très excité au sujet du projet Black Electro, mais maintenant il semble être dans les limbes, ce qui est regrettable, car ces chansons prennent maintenant la poussière. Mais hélas, je m’éparpille.

Perseph One et moi avons récemment fait une poignée de spectacles ensemble en Europe et les retours étaient vraiment bons... elle a beaucoup d’énergie et c’est quelqu’un de vraiment unique... nous avons seulement fait cinq chansons officielles, mais je pense que nous allons essayer de terminer un album plus tôt que tard.

Kool Trasher est l’un de mes producteurs préférés et quelqu’un de très cool... Mon copain Gino (Subtitle) dit qu’il est le moi français... Ahah ! Quoi qu’il en soit, j’aime ses beats et ils m’inspirent pour écrire, travailler avec lui est très facile et amusant pour moi.

Je suis assez ouvert quand il s’agit de collaborer avec des gens en termes de remixes ou quand quelqu’un achète l’un de mes tracks, mais il m’en faut beaucoup plus pour m’emmener à investir beaucoup de temps et d’énergie et, surtout, tout un tas de bons beats ou de raps dans un projet, à un niveau tel qu’il y a comme une alchimie... dans la façon dont on travaille ensemble et dont on s’entend. C’est assez simple... Je pense que toutes les relations sont comme ça...

- Et d’ailleurs, pourquoi ce besoin effréné de collaborations ?

Je fais beaucoup de musique dont une part importante ne sera jamais entendue... Collaborer offre à ma musique plus de débouchés…

- Pourquoi avoir sorti ton nouvel EP sur un label russe (2-99 Records) et pas sur Mush ? Et pourquoi cette sortie sur CD-R en toute confidentialité ? D’ailleurs que t’apporte une structure comme Mush, et comme 2-99 Records ? Quels sont leurs avantages et inconvénients respectifs ?

Je l’ai fait parce que pourquoi pas ? Rien de compliqué, je suis arrivé par avion à Moscou, on s’est mis au travail avec Kool Trasher et Debmaster et on a mis leurs noms sur un t-shirt et un CD, on l’a fait entendre à plein de nouvelles personnes, etc. Je n’ai pas de contrat exclusif avec le moindre label, donc je suis libre de faire ce que je veux la plupart du temps.

- Ta page Myspace va bientôt disparaître, tu as une page Facebook chichement renseignée et une page chez Mush à peine plus prolixe, on dirait que tu fuis un peu les lumières médiatiques. Est-ce vrai ? Si oui, pourquoi ?

Rester loin des médias ? Ahahah ! Engagez-moi un publiciste !

Je poste à peu près tout ce que je fais sur ma page Facebook... très honnêtement, jusqu’à ce que The Most Beautiful Ugly soit officiellement annoncé, il n’y a pas grand chose à communiquer. Mon objectif actuel est l’enseignement. Quand sera venu le temps de faire la promo de l’album, il y aura plus d’attention médiatique. D’ailleurs, mon nom est assez unique... une simple recherche Google fait tout apparaître sur ma vie... Ahah ! Faites vos recherches...

- Comment en es-tu venu à dispenser des cours du logiciel de séquençage Ableton Live trois jours par semaine pour l’école en ligne Dubspot ?

Mon copain Dave Hill, qui s’occupe des Opérations Commerciales d’Ableton m’a mis en relation avec le fondateur de Dubspot, nous sommes devenus amis et on a cherché de quelle façon nous pourrions travailler ensemble, et environ un an ou deux après, la version en ligne de l’école a été créée, et il m’a été donné l’occasion non seulement d’enseigner mais aussi d’élaborer deux des cours Ableton Live en ligne. Donc je suis maintenant un instructeur officiel, et j’adore ça. C’est le meilleur travail que j’aie jamais eu, et de loin...

- Écoutes-tu ce qui sort ces temps-ci dans le hip-hop ou pas du tout ? Ou ailleurs que dans le hip-hop ? Ta musique se nourrit d’autres sons en dehors du hip-hop, dévores-tu des tonnes de disques ? Tes artistes du moment ?

Je ne m’intéresse pas vraiment aux nouveautés musicales, mais je suis exposé à des trucs nouveaux tout le temps. J’ai deux enfants qui écoutent de la pop à la radio en permanence, j’ai entendu toutes ces nouveautés, et vous ne pouvez pas échapper à Drake et Nikki Minaj et toute cette merde, et puis en ce moment j’aime assez quelques trucs plus ghetto (Project Pat et Juicy J) principalement en raison du fait que ces beats et ces raps sont franchement absurdes et hilarants dans la façon qu’ont la plupart de ces mecs de se prendre au sérieux... Quoi qu’il en soit, le dernier CD que j’ai acheté était Black Up par Shabazz Palaces, et je le passe régulièrement... J’aime vraiment cet album.

- Des nouvelles de Subtitle ? Son dernier album est en écoute via bandcamp et c’est une belle claque. Un prochain Labwaste est-il en préparation ? En fait, nous savons que oui, mais quand va-t-il sortir ?

Ahah ! Subtitle est de retour à Los Angeles et vient de sortir quelque chose via Hellfyre Club que l’on peut facilement trouver [ndlr : en téléchargement gratuit et légal]... Quant à Labwaste, nous avons enregistré un tas de nouveaux morceaux que personne n’a entendus, mais jusqu’à ce que quelqu’un soit disposé à les sortir, ou à investir ou à nous aider (ou alors on devient pleins aux as, on dit allez vous faire foutre et on le sort nous-mêmes), le nouvel album devra attendre... On verra...

- A quoi ressemble une journée-type de Thavius Beck ?

C’est une question bizarre... Ahah ! Cela dépend... Probablement amener les enfants à l’école, revenir à la maison, répondre à un tas de courriels, selon les jours je peux avoir des horaires de bureau en début d’après-midi (et surtout depuis que j’enseigne régulièrement à trois classes pendant trois heures d’affilée) ou des objectifs qu’il faut que j’atteigne, sortir un peu, peut-être prendre quelques photos, ou travailler sur quelque chose de nouveau, ensuite il se pourrait que je doive aller chercher mes enfants à l’école (ça dépend), sortir avec eux après l’école, les aider aux devoirs, dîner ensemble, alors peut-être sortir à un concert ou en faire un, ou simplement au magasin d’alcool pour obtenir mes mousses préférées et revenir à la maison... Encore des mails, encore de la musique, des cours particuliers, de l’enseignement, etc. Je n’ai pas vraiment de journée typique... Si je suis en Europe, la routine est complètement différente évidemment... Ahah !

- Comment composes-tu tes tracks ? D’abord les beats puis les nappes et les effets ? Ou tout se met-il en place dans le même temps ? Comment détermines-tu s’il faut y ajouter une voix, la tienne ou celle de quelqu’un d’autre ? La maturation est-elle longue ou assez courte avant que tu saches qu’un morceau est terminé ? En gros quel est ton modus operandi si tu en as un ?

Je n’en ai pas vraiment un, je fais des trucs jusqu’à ce qu’ils me plaisent ou tant que je ne m’en lasse pas. Généralement je commence avec une batterie, mais pas toujours... Ça varie... Tout dépend de comment je me sens à ce moment particulier et d’où vient l’inspiration ...

- Tu n’as pas de page bandcamp, que penses-tu de l’idée de mettre à disposition ta musique gratuitement et plus généralement, que penses-tu de l’état de l’industrie musicale actuellement qui pousse bien souvent les artistes à devenir eux-mêmes businessmen (booking, gestion des sorties, etc.) ? Et le téléchargement illégal ?

Les gens ont toujours téléchargé illégalement ma musique depuis que j’en fais. L’argent que j’ai gagné provenait des avances des labels, jamais de la vente de disques proprement dite, donc je ne sais pas combien ça représente ou à quel point ça affecte mes finances... Je mentirais si je disais que je ne l’ai jamais fait moi-même, donc je serais un hypocrite de critiquer ceux qui le font, mais le principal est que si vous aimez réellement quelque chose, faites un effort pour le soutenir. Si vous avez téléchargé ma discographie entière gratuitement, et si vous avez réellement écouté et aimé, alors la moindre des choses que vous pourriez faire c’est de faire l’effort de venir me voir et de payer si jamais je joue dans votre ville... C’est là que la plupart des artistes font leur argent de toute façon... Les concerts et les licences.
En ce qui concerne le fait que les artistes soient leur propre homme d’affaire, je booke moi-même mes tournées depuis un moment maintenant et j’ai géré à peu près tous les aspects de ma carrière... Je ne pense pas grand-chose de l’état actuel de l’industrie de la musique... Ça fait un petit moment qu’elle est dans cet état maintenant... Ce n’est pas comme si Napster venait d’apparaître et que tout le monde était tellement surpris... Les artistes ont juste besoin de se former et de se préparer à gérer littéralement leur propre entreprise.

- Aura-t-on la chance de te voir bientôt en Europe et en particulier en France ?

Pas tant que les détails ne seront pas finalisés pour mon album... Peut-être à la fin du printemps ou au début... Nous verrons...

- Que peut-on te souhaiter pour cette fin 2011 et pour 2012 ?

Je n’aime pas les souhaits... J’aime quand la vie suit son cours... et que des trucs arrivent.


Et mince, nous voici déjà au terme de l’entretien, les vingts réponses aux vingts questions passant bien trop vite. Quoi qu’il en soit, si un généreux mécène venait à lire cette page, on sait maintenant que de l’autre côté de l’océan Atlantique, du côté de L.A., quelque part dans un disque dur, sont stockés quelques morceaux de Labwaste que l’on aimerait bien entendre un jour... Sinon, il faudra encore patienter jusqu’à l’été pour enfin découvrir la nouvelle identité sonore de Thavius Beck déclinée tout au long du successeur de Dialogue. Inutile de dire que l’on attend les beaux jours avec une pointe de fébrilité.

Un grand merci à Thavius Beck pour sa disponibilité malgré un emploi du temps particulièrement chargé.


Interviews - 18.12.2011 par leoluce


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Chroniques // 22 octobre 2017
Thavius Beck

Depuis 2009 et l’immense Dialogue, on avait un peu perdu Thavius Beck. Non pas que l’ex Labwaste ait trop œuvré dans l’ombre et qu’il nous ait semés en route. Tout simplement, qu’il s’agisse de la série d’EPs dansants Amber Embers entre house funky, techno et glitch-hop, de l’inégale mixtape Symphony of the Spheres au lyrisme électro hip-hop émaillé (...)