Field Music - Plumb
A l’heure où 98% des poppeux célébrés par les gratte-papier donnent dans la recette sagement remise au goût du jour ou dans le déjà entendu en mieux (cf. ici), 1% d’entre aux seulement semblant avoir quelque chose de réellement neuf à proposer, Field Music s’affirme loin des tendances dans le créneau précieux du pourcent restant : celui du recyclage aventureux et brillant.
1. Start The Day Right
2. It’s Okay To Change
3. Sorry Again, Mate
4. A New Town
5. Choosing Sides
6. A Prelude To Pilgrim Street
7. Guillotine
8. Who’ll Pay The Bills ?
9. So Long Then
10. Is This The Picture ?
11. From Hide And Seek To Heartache
12. How Many More Times ?
13. Ce Soir
14. Just Like Everyone Else
15. (I Keep Thinking About) A New Thing
Talking Heads, Todd Rungren, les Beach Boys, Béla Bartók... vous êtes désormais habitués aux références qui accompagnent les sorties des Anglais de Field Music, de retour à un format plus resserré deux ans après le gargantuesque Measure pour démontrer une fois de plus, s’il était encore besoin, que leurs compositions résolument téméraires ont bien davantage à offrir qu’une somme d’inspirations aussi élégantes et singulières soient-elles.
"Start The Days Right", nous conseillent d’emblée les frères Brewis et ça démarre fort en effet avec cette succession de tiroirs aux mélodies vocales à la fois évidentes et alambiquées, au diapason de ces guitares tout en ruptures abruptes et de ces signatures rythmiques audacieuses et hachées qui en influencent aujourd’hui plus d’un dans le petit monde de la pop électrique - jusqu’à Fiodor Dream Dog encore le mois dernier - mais dans un déferlement constant d’idées et d’arrangements, carillons cinématiques et cordes élégiaques puis soudain quelques coups de timbale martiaux pour contenir l’élan, sans transition un piano jazzy fait son apparition et entame le dialogue avec un basson flâneur, ouvrant la voie à un crescendo de synthés vintage qui accompagnent les riffs dans leur dernier tour de montagne russe et... voilà, ça y est, on est déjà ailleurs, les deux premières minutes du disques viennent de s’écouler en un souffle comme une symphonie de poche à cheval sur les années 70 et une avant-garde chamber-pop encore à naître.
15 morceaux pour 35 minutes à peine, l’aplomb du titre de ce quatrième opus n’a pas quitté les auteurs du laconique Tones Of Town, pas plus que cette sale habitude de plomber le moral des têtes chercheuses en pop savante. Mais vous l’aurez compris, là où ce dernier avait pu nous laisser quelque peu sur notre faim à l’époque malgré une belle densité d’arrangements et une ambition nouvelle dans les compositions qui n’a cessé depuis de porter ses fruits, Plumb multiplie sans relâche virages, volte-faces et chemins de traverse au point qu’on a l’impression d’arpenter un véritable petit labyrinthe de rat de laboratoire dont les chemins pour arriver d’un point à l’autre différent à chaque écoute, toujours familiers et pourtant toujours déconcertants.
Chaque enchaînement, chaque contrepied surprend ainsi à sa manière et c’est avec une virtuosité toute naturelle dont peu de musiciens actuels peuvent s’enorgueillir que les Anglais, marchant dans les pas-de-deux de Brian Wilson et Van Dyke Parks, orchestrent leur opéra prog miniature. Prog... on y est, le terme est lâché, et avec lui tout un fardeau généalogique d’expérimentateurs poussifs que le trio de Sunderland (Kev Dosdale à la guitare et aux claviers refermant le triangle) aurait bien du mal à porter sur ses épaules graciles. Car des faux-airs de Chicago en mode orchestral de Sorry Again, Mate (l’habituel cachet d’époque de l’effet sur la voix aidant) à la désarmante ferveur lyrique de From Hide And Seek To Heartache en passant par l’improbable groove afro-funk du rétro-futuriste A New Town, la flamboyance contenue du métronomique Guillotine ou le romantisme dépouillé des So Long Then et Ce Soir tout en économie de moyens, rien jamais ne vient menacer ce fier équilibre entre spontanéité en roue libre et démonstration mesurée, cette solide alchimie affinée depuis les petits classiques instantanés de l’éponyme de 2005 - auquel fait écho en clôture d’album le limpide (I Keep Thinking About) A New Thing - et qui s’avère désormais capable à tous coups de transformer l’aplomb en or.
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