Quand Robert Squire retrouve Anticon quatre ans après la mise en sommeil de son alias Sixtoo, auquel on doit outre une poignée d’albums faramineux certaines des plus belles prods jamais signées pour Sage Francis ou Sole, forcément on espère le meilleur.

Sauf que finalement non, en fait.

Car depuis Jackals And Vipers In Envy Of Man, ultime chef-d’œuvre instrumental qui marquait en 2007 la fin de sa collaboration express avec le label Ninja Tune deux ans après l’inégal mais passionnant Chewing On Glass & Other Miracle Cures, l’auteur d’ Antagonist Survival Kit s’est radicalement éloigné du hip-hop ténébreux et de l’abstract délétère qui avaient fait sa réputation dans l’underground californien au tournant des années 2000, pour devenir une figure des dancefloors de Montréal et creuser au fil des projets un sillon nettement plus clinquant, des mixtapes street bass de Megasoid avec Hadji Bakara de Wolf Parade à la ghetto-house du trio Nouveau Palais en passant par le gros crunk-funk qui tache de Prison Garde. En somme on est bien content qu’il se fasse plaisir, mais à moins d’aimer le booty shake autant passer son chemin d’emblée.

Associé ici au rappeur arizonien Isaiah Toothtaker, pote de Murs (qui sauve au passage le passable
LA Nights) ayant déjà fait appel à Sixtoo et Megasoid sur de précédents opus, Squire multiplie les gimmicks 80’s sur fond de beats funky/house anémiques et vaguement lascifs, offrant au flow concupiscent du bonhomme les instrus bling-bling et insipides qu’il mérite. Pourquoi en parler alors nous demanderez-vous, si ce n’est pour enfoncer un dernier clou dans le cercueil d’Anticon qui offre le bousin au libre téléchargement via Bandcamp faute sans doute de pouvoir espérer en tirer quelque chose, ou cracher notre amertume vis-à-vis d’un héros déchu dont on espérait malgré tout bien mieux, et surtout autre chose ?

Eh bien tout simplement pour un dernier titre, Cardboard Coffin, qui en s’attaquant de manière nettement plus frontale à l’électro/hip-hop analogique urgent et distordu de Thavius Beck ou Subtitle (lui-même ex Megasoid) nous laisse encore une dernière branche à laquelle nous raccrocher. Et si l’ex Sebutones (avec Buck65) et 1200 Hobos (avec Jel, Doseone et toute la clique) en avait encore sous le coude, finalement ?